« Adapter le chien au territoire et à l’animal chassé »
La réponse ne dépend pas du seul goût du veneur mais aussi des exigences de son territoire de chasse et de l’animal couru. S’il existe plusieurs races de chiens courants, c’est précisément parce que la morphologie de chacune répond à des exigences particulières. Le Poitevin, par exemple, est plus apte à chasser dans des territoires clairs et peu humides ; à l’inverse, l’Anglo Français et le Fox Hound, de construction plus robuste, sont plus indiqués pour des territoires fourrés et mouillés. Si toute race a les qualités pour chasser, la construction de chacune permet de choisir des chiens appropriés à chaque territoire. Par contre, la couleur de la robe résulte de la seule préférence du veneur.
Faire une meute homogène en race et couleur et présentant toutes les qualités de chasse ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut non seulement être persévérant mais surtout ne pas s’écarter de la voie qu’on a choisi de suivre. Il est, certes, plus facile d’y parvenir lorsqu’on monte un équipage : partant de rien, on peut dès le départ ne retenir que d’excellents géniteurs. Plus difficile, à l’inverse, est de remodeler une meute existante, au sein de laquelle existent d’excellents ouvriers même s’ils ne sont pas dans le type. Dans ce cas, ce n’est que très progressivement, pour ne pas perdre les qualités de chasse, que l’on peut aussi se rapprocher du type. Pour cela, il faut aller chercher des saillies dans des équipages bien établis en aptitudes de chasse et en modèle et surtout réputés sérieux dans leur élevage, c’est-à-dire élevant de longue date exclusivement sur des géniteurs propres à une race déterminée. Ces équipages sont dits “recommandés” par le Club du Chien d’Ordre.
L’étalon et la lice retenus doivent avoir, sur au moins quatre générations, des origines connues et irréprochables, c’est-à-dire des ascendants de la même race, de modèle conforme au standard et ayant les meilleures aptitudes à la chasse. Si on ne connaît pas avec précision leurs origines, on peut commettre une grave erreur. Des chiens remarquables, sans origine, peuvent produire de très mauvais chiens; et l’inverse est tout aussi vrai. C’est pour éviter ce danger qu’il est absolument indispensable de tenir avec le plus grand soin son livre de chenil, livre qu’il faudrait mieux appeler “livre d’élevage”. Doivent y être consignés non seulement les noms des géniteurs mais surtout leurs qualités et défauts de chasse et de modèle et également, s’ils ont déjà reproduit, des appréciations sur leurs descendants.
Un chien exceptionnel à la chasse mais sans origines ne donnera que très rarement des chiens aussi bons que lui.
Le choix des reproducteurs est une opération délicate qui conditionne la réussite de l’élevage et donc par la suite le succès de la meute. Il ne doit jamais se faire sur un seul chien - étalon ou lice - même s’il possède toutes les qualités de chasse et de beauté. Il doit être réfléchi et reposer sur l’examen préalable de quatre types de chiens :
la lice, l’étalon :
il s’agit de ne retenir que des chiens ayant toutes les qualités recherchées etne présentant aucun défaut grave ;
leurs ascendants (parents, grands-parents) :
“il existe dans les races canines un taux de consanguinité qui augmente la ressemblance entre les individus”. *
les collatéraux :
qualités et défauts des frères et sœurs de portée ou des demi-frères / demisœurs. “Un individu a de bonnes chances de transmettre les qualités observées chez ses frères et sœurs”.*
les descendants :
si le futur reproducteur a déjà reproduit, on doit s’assurer de sa réelle valeur génétique (chasse, beauté).
(*)Professeur Bernard Denis in “Cynophilie française” n°139 - 1er trimestre 2008
La sélection ne doit pas reposer sur un seul de ces critères, mais sur leur combinaison : il faut d’abord trier sur les origines (ascendants), puis prendre en compte les qualités et les défauts des reproducteurs (étalon, lice) envisagés, puis se référer aux collatéraux et ensuite, s’il en existe, aux descendants.
Ce choix doit être fait par référence aux qualités - notamment de chasse - que l’on souhaite obtenir. Il faut éviter de faire reproduire des chiens âgés.
Établir une liste des caractères qu’il est souhaitable d’améliorer en faisant ressortir les plus importants.
Apprécier le mieux possible la valeur génétique des candidats à la reproduction pour chacun d’entre eux.
Ne pas éliminer un individu parce qu’il détériore un caractère - sauf s’il s’agit d’un grave défaut - mais tenir compte de sa valeur génétique d’ensemble.