Pour connaître les meilleurs reproducteurs de la meute d’un équipage, il faut beaucoup élever, car ce ne sont que sur ses descendances que l’on peut juger de l’aptitude d’un chien à reproduire. Un très beau et bon chien, ayant sur plusieurs générations antérieures des origines très pures, a toutes les qualités pour être un bon reproducteur mais il ne l’est pas obligatoirement et peut se révéler un piètre géniteur. Un chien bien typé et excellent mais d’origine inconnue ou issu de multiples lignées de races différentes est le plus souvent un très mauvais reproducteur de la race recherchée. A l’inverse un chien moyen en conformité et à la chasse mais dont les origines sur plusieurs générations antérieures sont de race pure et de grandes qualités de chasse est le plus souvent un parfait reproducteur.
Un chien ne peut être bon que s’il est aussi beau dans la mesure où il ne peut pleinement mettre en valeur sur le terrain ses aptitudes cynégétiques que s’il possède les capacités physiques nécessaires.
Un beau chien n’est pas celui qui touche forcément la sensibilité visuelle du fait de sa distinction et de son élégance, c’est avant tout un chien bien construit mais aussi “de race”.
Le chien de meute, qu’il soit chien d’ordre ou de toute autre race, est un chien fait pour courir. Un chien de vènerie doit être apte à faire une chasse de 4 à 5 heures au moins une fois par semaine voire plus. Il doit avoir suffisamment de fond pour galoper sur tous les types de territoires qu’ils soient clairs ou fourrés, de bois ou de plaine. Il doit être résistant à tous les aléas climatiques : pluie, vent, chaleur, froid. La construction, c’est la mécanique et le moteur du chien ; c’est ce qui lui permet de courir 40 km par chasse à raison de deux chasses par semaine. Ce que le veneur demande à ses chiens c’est de pouvoir aller vite, d’être robustes et résistants. Pour cela, le chien de vènerie doit être correctement construit : ni trop long ni trop court, ni trop grand ni trop petit, avec une ossature suffisante pour soutenir une bonne musculature, une poitrine profonde, large et haute, de bons pieds, des jarrets légèrement coudés… Sous tous ces aspects, le corps du chien doit être parfaitement équilibré.
Le bon chien est celui qui non seulement n’a aucun défaut mais encore possède toutes les qualités exigées d’un chien courant. Il a l’amour de la chasse et chasse de plaisir ; il chasse en meute et n’est pas individualiste ; il crie mais n’est pas bavard ; il chasse tout en restant soumis à l’homme ; il est créancé sur un animal ; il travaille dans les défauts ; il est courageux tant que dure la chasse ; il a suffisamment de nez pour chasser par voie moyenne ; il sort régulièrement au moins une fois la semaine. On dira de lui que “c’est un bon chien de paquet”.
Le très bon chien
Le très bon chien est celui qui, non seulement présente toutes ces caractéristiques, mais en possède au moins une ou deux particulièrement développées. Il est très fin de nez dans le rapprocher ou le forlonger ; il est raide de change sans pour cela percer dans le change ; il chasse parfaitement à l’eau ; il est remarquable sur les chemins ; il ne chasse jamais la double voie et décroche sur le hourvari ; il enveloppe largement dans le défaut ; etc… Il ne commet aucune erreur et est toujours à l’ouvrage.
Le très bon chien, c’est celui qui se fait remarquer parce qu’au cours de la chasse, en cas de difficultés, c’est lui qui a permis d’éviter le défaut et de conclure par la prise. Sérieux, il est l’un des piliers de la meute ; il en est le meneur, c’est pourquoi son absence peut poser problème au veneur. Le très bon chien est le plus souvent un chien de 4 à 5 ans qui, grâce à l’expérience des saisons passées, a acquis les réflexes lui permettant de vaincre les ruses de l’animal sauvage. C’est la raison pour laquelle un équipage doit toujours respecter, dans sa meute, la pyramide des âges : si manquer son élevage une année n’est pas grave numériquement - on rattrape l’année suivante - cela peut, à l’inverse, occasionner de graves complications quelques saisons plus tard du fait de l’absence des très bons chiens.
L’excellent chien
L’excellent chien est celui qui est connu de tous les boutons parce qu’à la chasse, il domine la meute : c’est lui qui est toujours en tête, c’est lui qui perce toujours dans le change, c’est lui qui relève toujours le défaut. Il chasse tout autant avec son intelligence qu’avec ses capacités physiques : il a compris les ruses de l’animal qu’il chasse et a l’instinct pour les déjouer. Ce n’est pas seulement l’expérience des saisons passées qui lui a permis d’acquérir cette aptitude ; ces capacités exceptionnelles, il les possède naturellement, ce qui explique qu’il peut se révéler dès sa première saison.
S’il est supérieurement excellent, il est alors qualifié d’ “exceptionnel” : tout maître d’équipage ou piqueur a eu dans sa meute, au cours de la vie de l’équipage, de tels chiens dont il conserve le souvenir de fabuleux exploits. Dans toute meute, quel que soit l’animal chassé, il y a - ou il y a eu - un tel chien. Ce sont des chiens qui sont quasiment capables de prendre seuls leur animal. Ils ont toutes les qualités et font preuve d’un brio inaccoutumé. Le chien exceptionnel est un surdoué.
La consanguinité n’est pas nécessaire pour maintenir une race mais, si elle est bien conduite, elle permet le plus souvent d’obtenir plus rapidement des sujets de qualité (chasse et construction). Elle se pratique le plus souvent par accouplements père/fille, frère/sœur, oncle/nièce, etc… ; mais elle peut aussi résulter de l’utilisation fréquente d’un même étalon ayant beaucoup reproduit et recherché ensuite de manière préférentielle dans le choix des ascendants. Le recours à cette technique, on le sait, présente à la fois des avantages et des inconvénients, à savoir qu’elle accentue les qualités mais aussi les défauts.