Règles & pratiques de la chasse à courre

Les us et coutumes de la chasse à courre

Comprendre la chasse à courre et en percer les mystères ne saurait se faire sans une connaissance approfondie de ses valeurs et de ses principes immuables. La vènerie repose sur un ensemble de règles précises, façonnées au fil des siècles par les veneurs. Soucieux de transmettre un art empreint de rigueur et de respect, les veneurs ont codifié cette discipline afin de lui assurer une pérennité harmonieuse.

Pour véritablement maîtriser la chasse à courre, il ne suffit pas d’en connaître les techniques ; il faut en adopter l’éthique et en respecter les usages. Loin d’être de simples conventions, ces codes définissent l’essence même de la vènerie et garantissent son équilibre.

La bonne conduite du veneur 

Le veneur se distingue par sa courtoisie, sa discrétion et son respect. Il suit les consignes du maître d’équipage sans gêner les chiens. Toute agitation excessive est à proscrire, seuls les encouragements à la voix ou à la trompe sont admis avec accord du maître d’équipage.

Le veneur adopte aussi une conduite respectueuse de l’environnement et des autres usagers de la nature. Il protège les chiens et veille à ne prendre aucun risque qui entacherait l’image de l’équipage. Il est cordial avec les suiveurs et veille au bien-être de son invité lorsqu’il en a un.

Tout veneur portant une trompe, un fouet ou une arme doit être titulaire du permis de chasser, validé pour l’année en cours et doit avoir l’accord du maître d’équipage pour les utiliser. L’usage du téléphone est interdit, sauf en cas d’urgence.

À cheval, il veille à la bonne condition de sa monture et la ménage pour préserver sa santé. Il respecte la hiérarchie de l’équipage, ne double pas le maître d’équipage sans y en être autorisé.

La tenue du veneur

La tenue doit être bien coupée, brossée avant chaque chasse et portée avec les boutons fermés.

La redingote

Vêtement emblématique, elle est ajustée et se porte boutonnée. Sa longueur varie : au-dessus du genou pour les hommes, à mi-cuisse pour les femmes. Pour les amazones, elle se compose d’une veste et d’une jupe couvrant les jambes. La redingote est aux couleurs de l’équipage lorsque c’est un bouton qui la porte. Elle est noire lorsqu’elle est portée par un gilet, épingle ou autre invité. 

Le bouton de vènerie

Premier signe distinctif d’un équipage, il est gravé de l’emblème de celui-ci. On distingue :

  • Petits boutons : pour gilets, épingles de cravate, boutons de manchette.
  • Gros boutons : fixés sur la redingote (cinq devant, deux derrière).
  • Différence de couleur : doré pour les membres et les maîtres, argenté pour les piqueurs.

La toque

  • Bombe 3 points (avec jugulaire) : recommandée pour la protection.
  • Toque classique : traditionnelle.
  • Tricorne : traditionnel, exclusivement par les femmes.
  • Pour les femmes : cheveux attachés ou maintenus dans un filet.
  • Pour les piqueurs : La toque est dotée d’un galon de vènerie qui en fait le tour.
  • À quelle occasion doit-on se découvrir ?
  • Quand on dit bonjour : ‍seuls les hommes se découvrent.
  • Pendant le rapport : ‍seuls les professionnels et ceux qui ont fait le bois se décoiffent.
  • Pendant la chasse : les bonnes manières apprécient qu’un homme se découvre en dépassant une femme.
  • Pendant l’hallali : les hommes se découvrent au moment où la mort est sonnée. C’est un hommage rendu à l’animal qui a été chassé.
  • Pendant la curée : au moment où le maître d’équipage fait les honneurs.
  • Lorsqu’une fanfare rend hommage à quelqu’un

La cravate de chasse

La cravate de chasse, traditionnellement blanche, est soigneusement nouée et maintenue par une épingle.

La culotte de cheval

En velours côtelé, adaptée à la couleur de la tenue. Elle doit être bien ajustée et renforcée pour plus de confort et de durabilité.

Les gants

Obligatoires à cheval, ils assurent confort et protection. Ils sont généralement en tricot blanc.

Les bottes

  • Bottes de vènerie : hautes, avec des bas en coton blanc.
  • Bottes à revers fauve ou Chantilly : portées en toutes circonstances.
  • Bottes classiques en cuir ou en caoutchouc : sans revers, pratiques.
  • Chaps : réservées aux sorties de chiens.

Les éperons

Faisant partie de la tenue, ils sont portés selon les usages de chaque équipage. Il faut tout de même apprendre à s’en servir et ne pas blesser son cheval.

La trompe de chasse ou pibole 

C’est l’élément principal de la tenue. La trompe et la pibole sont un moyen de communiquer entre veneurs ou avec les chiens. Elles ne doivent être portées et utilisées qu’avec l’accord du maître d’équipage et en la possession d’un permis de chasse validé pour l’année en cours. 

Le fouet 

Le port du fouet est réservé aux personnes agissant sur les chiens. Le bruit fouet est utilisé pour donner des indications aux chiens, en complément de la voix et de la trompe. Il ne peut être porté sans l’autorisation du maître d’équipage.

Période et usages :

La tenue d’équipage se porte généralement à partir de la Saint-Hubert. Avant cette date, les usages varient selon les équipages ; il est recommandé de consulter le maître d’équipage.

Tenue en dehors de son équipage :

• En chassant avec un autre équipage, le veneur porte son gilet mais jamais la tenue de son propre équipage. Il adopte une tenue d’invité (noire ou gris foncé).
• Seul le maître d’équipage conserve sa tenue en toute circonstance.
• En cas de couplement entre équipages, chaque veneur porte la tenue de son propre équipage.
• En tant qu’invité, ne porter ni trompe ni fouet, sauf invitation expresse du maître d’équipage.

Comportement des suiveurs à la chasse

1. Respect de l’équipage et des veneurs

Même sans appartenir à l’équipage, vous en représentez l’image. Soyez respectueux de l’environnement et des règles. Suivez scrupuleusement les consignes du maître d’équipage.

N’intervenez pas sur les chiens, sauf pour des raisons de sécurité. Votre rôle est d’observer et de respecter le bon déroulement de la chasse.

Saluez le maître d’équipage, les veneurs et les hommes de vènerie. Montrez-vous courtois et respectueux envers tous les participants.

Pendant la chasse, évitez les bavardages inutiles, les bruits intempestifs et les portières qui claquent. Les cavaliers sont toujours prioritaires sur les véhicules et les vélos.

2. Respect de l’animal et des chiens

Ne perturbez pas l’animal chassé : ne lui barrez pas la route et ne stationnez pas sur son passage. Laissez-le évoluer librement et observez-le sans intervenir.

Les chiens doivent chasser sans entrave. Évitez le bruit, les attroupements et les odeurs qui pourraient les perturber.

L’usage du téléphone est strictement interdit sauf en cas d’urgence. Se découvrir lorsque la mort est sonnée est une marque de respect pour l’animal. Assister à la curée témoigne également de votre respect pour les chiens.

3. Respect des autres usagers

Saluez systématiquement les riverains, promeneurs et propriétaires des terrains traversés. Soyez toujours courtois et discrets, même face à des personnes opposées à la chasse.

Évitez de pénétrer dans les zones habitées et respectez les propriétés privées. Vous représentez l’équipage et devez donner une image irréprochable.

4. Sécurité des chiens sur les routes

Pour assurer la sécurité des chiens et des animaux lors des traversées de routes :

  • Stationnez correctement et roulez lentement.
  • Portez un gilet jaune pour être bien visible.
  • Allumez vos warnings pour signaler la chasse en cours.
  • Faites ralentir les véhicules et restez en place jusqu’à ce que tous les chiens soient passés.

5. Sécurité aux abois

Lors des abois, ne vous approchez pas pour éviter tout risque et ne pas gêner ceux chargés de servir l’animal. Un suiveur attentif et respectueux contribue à la sécurité de tous et préserve les traditions de la vènerie.

Le rôle de chacun

Chaque équipage possède une identité particulière définie par son nom, sa tenue, ses couleurs et sa fanfare. Les membres d’un équipage peuvent être amenés à intervenir durant le laisser-courre. Ils le font dans le strict respect des consignes données.

Maître d’équipage

Il assure la conduite de la chasse et tous les sujets liés à l’organisation et à l’environnement. A la chasse, c’est lui, ou à défaut son remplaçant désigné, qui est responsable du laisser-courre. Il prend toutes les décisions qui lui paraissent appropriées. 

Master

Un maître d’équipage peut être suppléé ou remplacé par un master qui interviendra de façon opérationnelle dans le déroulement de la chasse, seul ou en équipe avec le piqueur.

Piqueur et second

Le piqueur s’occupe de la meute et mène les chiens, seul ou auprès du maître d’équipage et du master. Il peut aussi être aidé d’un « second » qui interviendra notamment pour arrêter les fausses chasses et rameuter les chiens.

Bénévoles

Ils dévouent leur temps libre à la vie du chenil. A la chasse, ils jouent un rôle primordial pour la sécurité des chiens, notamment aux routes. 

Valets de limier

Ils font « le bois » (aussi appelé « le pied ») les matins de chasse, avec un chien d’expérience appelé « limier ». Leur rôle, durant leur quête, est de repérer la présence d’animaux, par corps ou grâce à leurs vol-ce-l’est. Les valets de limiers sont de fins connaisseurs de la nature et de la faune sauvage. Ils délivrent ensuite leurs connaissances au maître d’équipage, lors du rapport. 

Boutons

Ce sont des membres officiellement intégrés dans l’équipage, qui en portent la tenue et les « boutons » comme l’indique leur nom. Il sont reconnus comme membres à part entière et non plus comme simples invités ou suiveurs occasionnels. Les boutons passent au préalable par l’étape « gilet » voire « épingle ». Ils subviennent aux besoins financiers de l’équipage en payant une cotisation, les équipages étant majoritairement structurés en association loi 1901. 

Il existe également des boutons d’honneur, attribués à des personnalités proches de l’équipage sans en être membres actifs

Gilets

Selon les équipages, un gilet correspond à un nouvel entrant. L’officialisation de son nouveau statut de bouton peut être formalisée lors de la Saint-Hubert la saison suivante. Une cotisation moins importante lui est proposée. Il porte le gilet de l’équipage sous sa tenue noire ainsi que l’épingle décorée du bouton de l’équipage.

Epingles

Les épingles ne portent ni la tenue ni le gilet de l’équipage mais reçoivent une épingle. Une cotisation minime leur est proposée. La désignation « épingle » est utilisée dans trois cas :

  • Pour les « très jeunes » souvent enfants de membres de l’équipage
  • Pour les « occasionnels » qui viennent peu
  • Pour les proches de l’équipage (amis, riverains, bénévoles…)

Ce statut est à la discrétion de chaque équipage.

Invités

Il est possible d’être invité à venir suivre une chasse à cheval. Deux cas de figure :

  • Vous êtes invité par un bouton. Ce dernier devra juste prévenir le maître d’équipage de votre venue.
  • Vous avez envie de suivre une chasse dans un équipage précis : vous appelez un de ses membres que vous connaissez ou appelez le maître d’équipage directement.

L’usage du portable à la chasse

L’Association des Veneurs s’oppose à l’usage du portable à la chasse pour des raisons évidentes d’éthique et de loyauté envers l’animal chassé. Qu’en sera-t-il demain, lorsque les drones et autres outils de géolocalisation remplaceront nos chiens et nos trompes ?
Nous sommes défenseurs d’une vènerie authentique “à cor et à cri”, discipline librement consentie pour que notre chasse reste éthique et belle.

Le téléphone est dans la poche, en mode silencieux ou éteint. Il n’est utilisé qu’en cas d’accident. De la même manière, il peut permettre de géolocaliser un veneur accidenté ou perdu dans la nature. C’est à l’évidence une bonne chose et même recommandé d’avoir le téléphone sur soi.

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