Faut-il attribuer aux animaux des réactions humaines ou mettre l’homme au-dessus des animaux ? C’est le sujet qui a été débattu lors d’une émission de Cnews en présence de 2 journalistes cynégétiques et un antispéciste.
Anthropomorphisme ou anthropocentrisme ? : tel est le débat. Un débat qui s’est déroulée sur le plateau de Cnews. Car dans notre société nombreux sont ceux qui veulent mettre l’animal à égalité avec l’homme. La Société de Vénerie a résumé avec beaucoup de justesse cette émission.
Humbert Rambaud et Vincent Piednoir, journalistes cynégétiques bien connus, sillonnent les plateaux de télévision pour parler de leur (excellent) livre « L’Ouverture de la chasse », paru aux Presses de la Cité. Avec une sensibilité rare, ils expriment leur bonheur de « chasser pour chasser », écartant toute autre justification.
Ils étaient en novembre les invités de l’émission de Frédéric Taddeï « les visiteurs du soir » sur Cnews. Face à eux, Thomas Lepeltier, historien, philosophe des sciences et antispéciste. Les échanges sont courtois et parfaitement maitrisés par Frédéric Taddeï ; c’est suffisamment rare pour être souligné. Ces circonstances apaisées permettent de mieux apprécier les arguments qui sont opposés aux chasseurs
Les animaux : bien meubles sensibles ?
Thomas Lepeltier dénonce la classification des animaux dans la catégorie des « biens meubles. » Ce faisant, il commet une erreur d’appréciation. Le fait que les animaux domestiques soient un bien signifie qu’ils appartiennent à quelqu’un qui, dès lors, assume la responsabilité de leurs conditions de vie ; on dirait aujourd’hui de leur bien-être. Le fait qu’ils soient « meubles » signifie qu’ils peuvent être déplacés – par opposition à un bien immeuble – du latin « mobilis ». Ca ne veut pas dire qu’ils sont assimilés à une chaise ou une table. Un animal domestique qui ne serait pas un « bien meuble », c’est un animal sans propriétaire, un animal abandonné donc ; a contrario, un animal domestique qui est un bien meuble est sous la responsabilité de son propriétaire. Quant aux animaux sauvages, ils sont « res nullius, » c’est-à-dire qu’ils n’appartiennent à personne, jusqu’à ce qu’ils soient chassés ; ils sont alors réputés appartenir à celui qui les chasse et qui en prend la responsabilité. L’inculture juridique ne suffit pas à justifier pareil contre-sens !
Ensuite, Thomas Lepeltier dévoile la révélation messianique due aux animalistes : c’est maintenant prouvé, les animaux sont doués de sensibilité ! Mais de quelle planète vient-il ? Il faut ne jamais avoir eu un chien ou n’avoir jamais croisé un chevreuil en forêt pour ignorer cela. Le chien « parle », avec ses yeux, avec sa gestuelle ; il comprend des dizaines de mots – voire des centaines dans certains cas. Le chevreuil qui semble paitre paisiblement est aux aguets de tout bruit, toute odeur, qui pourrait représenter un danger. Cette sensibilité, c’est, pour les animaux comme pour les hommes, la condition de la survie de leur espèce.
Les chasseurs seraient anthropocentristes, ils placeraient l’homme au-dessus des animaux
L’antispéciste Thomas Lepeltier accuse aussi nos deux auteurs et tous les chasseurs avec eux d’anthropocentrisme. Il n’y a rien là-dedans de répréhensible, si l’on admet que cela implique pour les hommes une responsabilité centrale à l’égard de l’ensemble du monde vivant. En réalité, si les chasseurs sont des anthropocentristes assumés. Les antispécistes, eux, sont anthropomorphistes, en ceci qu’ils prêtent aux animaux, et notamment aux animaux sauvages la même perception du monde que celle des hommes ; et cela n’est pas possible. L’homme est le prédateur suprême en haut de la pyramide alimentaire ; certains peuvent le déplorer mais c’est l’histoire du monde. Les facultés qu’ont développé les animaux, et notamment les animaux sauvages, sont sans commune mesure avec celles des hommes. Les uns sont prédateurs, les autres proies ; une ligne de démarcation infranchissable.
Enfin Thomas Lepeltier en appel à une « rationalité » pour interdire la chasse qui causerait de grandes souffrances. Mais cette rationalité n’existe que dans sa tête. Cette idée que le prédateur ne devrait plus chasser une proie est « venue du ciel » selon l’expression de Vincent Piednoir ; elle ne correspond à aucune réalité tangible.
Antispéciste et végétarien , Thomas Lepeltier a le droit de ne pas manger de viande. Et nous serons sans doute de plus en plus nombreux à agir de même parmi les populations bien nourries. Inutile cependant de le proposer, pour le moment, aux 735 millions de personnes qui, dans le monde, souffrent de malnutrition ; le succès de la proposition est loin d’être assuré.
L’antispécisme : vouloir imposer ses idées
En fait, le problème des antispécistes est celui de toutes les idéologies extrémistes : vouloir imposer MAINTENANT et PARTOUT leur point de vue. C ‘est d’ailleurs ce qui constitue la meilleure garantie de leur échec, tant les mutations du monde demandent d’abord et avant tout du temps pour se réaliser. Si leur analyse est la bonne, qu’ils soient rassurés, elle s’imposera avec le temps. Sinon…
Pour découvrir ce sujet dans l’émission, rendez vous à la 20° mn de cette vidéo.