La chasse à courre, ou vénerie, est plus qu’une activité simplement cynégétique. Elle est aussi musicale. En effet, celle-ci est dite “à cor et à cri”. Les airs entonnés par la trompe de chasse (originellement, un cor de chasse), ou “fanfares”, permettent aux veneurs de scander les différentes péripéties du laisser-courre. Elles constituent véritablement le langage propre de la vénerie.
La chasse à courre recèle bien des particularités. L’une d’elles est la présence absolument indispensable des sonneurs de trompe durant toute partie de chasse. Ils sont les seuls en capacité d’assurer la communication entre les différents membres d’équipage et d’indiquer à tous les différents événements qui se produisent. Les fanfares sont à destination tant des veneurs que des chiens, ainsi aiguillés.
La vénerie et les fanfares : une longue histoire
Les origines :
On ne peut dater de façon fiable le premier usage d’un instrument en guise d’outil de communication lors de la chasse. On présume que c’est dès la Préhistoire que les cavités naturelles des cornes d’animaux chassés ont pu être employées à cet effet. La raison en est évidemment la résonance des cavités en question, permettant de transmettre des informations sur une distance plus grande qu’à vive-voix.
Le cor de chasse est originellement cet instrument. Etymologiquement, il désigne d’ailleurs la corne même de l’animal. Avec le temps, on a troqué la corne d’animal pour le cuivre. Ce cor est devenu un instrument de musique à part entière. Cependant, attention à l’anachronisme. Aujourd’hui, l’expression de cor de chasse ne s’applique plus à l’instrument à cuivre utilisé dans le cadre de la chasse à courre. Il n’est plus qu’un instrument de musique exclusivement.
La trompe de chasse :
Le cuivre du veneur est de nos jours la trompe de chasse . Ses caractéristiques sont précises : 4.545 mètres de long, enroulée sur elle-même sur 3 tours et demi . La première trompe de chasse, dite trompe “Dampierre”, n’était enroulée que sur 1 tour et demi.
Il faut du reste dire un mot de ce fameux Dampierre. Il est le père spirituel des sonneurs de trompe. Né en 1676, la veille de Noël, Marc-Antoine de Dampierre est connu pour avoir été gentilhomme des Menus-Plaisirs du roi Louis XV. On lui doit la composition des premières fanfares de chasse, une trentaine à l’origine. Les choses ont bien évolué depuis : on compte aujourd’hui entre 3 000 et 4 000 fanfares de chasse.
A noter que “l’art musical des sonneurs de trompe” fait partie depuis le 17 décembre 2020 du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO . Il s’agit là d’une reconnaissance de premier ordre de l’importance éminente des fanfares de chasse dans la longue tradition cynégétique française.
Les grandes catégories de fanfares
Comme indiqué plus haut, les fanfares de chasse ne sont pas des morceaux de musique simplement plaisants à l’oreille, sans aspect pratique. Elles constituent un code de communication complet , permettant aux veneurs, aux animaux de compagnie et aux suiveurs de tout connaître et comprendre du laisser-courre qui se déroule.
Ces fanfares sont réparties en trois catégories principales.
Les fanfares d’animaux
Ces airs sont entonnés en fonction du gibier chassé. Rappelons que chaque équipage de vénerie chasse un animal en particulier. Ils concernent tous les gibiers de vénerie, et sont précis. Ainsi, on aura des airs pour désigner toutes les “ têtes ” (ramures) de cervidés : bizarde daguet dix-cors , etc. Parmi les différents animaux chassés à courre, le grand gibier compte proportionnellement plus de fanfares de chasse que le petit gibier.
Les fanfares de circonstances
Celles-ci ponctuent le déroulement de la chasse. Elles sont pléthore, et pour cause. Elles ont pour fonction d’indiquer les péripéties de la chasse aux autres veneurs et de permettre d’en suivre le déroulé étape par étape. Par exemple, une fanfare indiquera le passage dans l’eau du gibier chassé : c’est le bat l’eau . Le ton de chasse qui signale l’empreinte de l’animal sur le sol est le volcelest . On a même trois airs différents sonnés après la chasse (les retraites) selon que le gibier chassé a été pris, gracié, ou manqué.
Les fanfares de personnes, d’équipages et de lieux-dits
Chaque équipage possède une fanfare qui lui est propre On peut néanmoins aussi avoir des airs pour des maîtres d’équipage en particulier, ou encore pour des lieux déterminés. Enfin, certains airs sont spécifiques à certaines festivités. Il faut ici mentionner la fanfare de la saint-Hubert , fête du saint patron des chasseurs
Si vous voulez vous délecter de ces doux airs, n’hésitez pas à écouter ici différentes fanfares de chasse
Pour en savoir plus sur la terminologie de la chasse à courre, nous vous conseillons la lecture de ce lexique , précis et exhaustif.
Les fanfares sont consubstantielles à la chasse à courre. Les sonneurs de trompe en sont les troubadours. Ils relatent les efforts des veneurs, les exploits des chiens courants et les barouds d’honneur du gibier. Issues d’une longue tradition, mais aussi empreintes de sophistication, ces fanfares nous permettent de découvrir un peu plus la dimension profondément artistique de la vénerie.
Source principale des informations de l’article : Société de Vénerie