Avec ces emblèmes de la vénerie, pas de dressage ; ils chassent comme les loups et l’on se contente de les laisser exprimer leur instinct d’emmener la voie d’un animal sans jamais lâcher sa trace, même s’ils ont conquis une avance considérable, dans le seul espoir de le prendre. Tout juste leur a-t-on appris à connaître leur nom, à se mettre en meute et à s’arrêter quand on le leur commande, mais musique garantie.
Les premiers croisements datent très certainement du siècle, mais c’est vers la siècle, sous l’impulsion fin du des grands maîtres veneurs, que ce chien d’ordre tout-terrain fut très apprécié comme chien de meute polyvalent qui chasse le cerf, le chevreuil, le sanglier et le renard. Le grand anglo-français a pour origine le bâtard anglo-saintongeois, type apparu au milieu du siècle et résultant d’un croisement entre le chien de Saintonge et le fox-hound.
C’est le plus robuste des chiens d’ordre, d’une taille de 62 à 72 cm. Jusque dans les années 1950, le fox-hound était utilisé comme retrempe dans la plupart des équipages « pour redonner de la santé » à leurs chiens.
Doté d’un standard en 1978, le grand anglo-français tricolore est un modèle intermédiaire entre le français tricolore et le fox-hound. Du premier, il a la robe, l’équilibre, la distinction ; du second, il possède les lignes, la musculature, l’épaisseur. L’anglo-français tricolore est un fox-hound à la française qui se caractérise par un modèle moins lourd et moins épais, mais avec une forte ossature, un corps cylindrique et bien musclé, une tête plutôt carrée. La race est aujourd’hui bien fixée et il n’est plus nécessaire, si ce n’est tous les dix ans, d’infuser du sang anglais pour éviter d’avoir des sujets trop légers. Les meilleures meutes connues sont celles du Vautrait du Perche, du Vautrait de la Vallée Brune et du Rallye de la Brie. On trouve d’excellents sujets au Rallie Touraine, à l’Équipage de Bonnelles Rambouillet et au Rallye Trois Forêts.
SON COMPORTEMENT
Unique exception : aujourd’hui, on enseigne aux grands anglo-français tricolores à ne courir qu’une seule espèce ; comme on dit, on les créance sur la voie du cerf ou de tout autre animal de vénerie, et ils n’en poursuivront point d’autre. Il est vrai qu’autrefois on les laissait rapprocher indifféremment le gibier qu’ils attaquaient, sachant qu’une fois celui-ci lancé ils n’en chasseraient pas d’autre, car ils deviennent de change naturellement, puisque c’est dans leurs gènes : ils savent bien qu’il ne faut jamais courir deux lièvres à la fois !
Jadis, le loup, très répandu dans nos campagnes, était un animal qui se prenait difficilement à courre. Ses traces étaient souvent invisibles, sauf par temps de neige quand une couche épaisse révélait son passage. Ce n’était principalement que par ses déprédations ou les méfaits auxquels il se livrait toutes les nuits que les populations étaient alertées de sa présence. Insaisissable, il apparaissait parfois avec une audace incroyable pour commettre ses turpitudes, avant de s’évaporer dans la nature. Seuls les chiens créancés par atavisme sur plusieurs générations réussissaient à le traquer, exception faite des vieux grands loups qui étaient imprenables.
SON PHYSIQUE
Le grand anglo-français tricolore est un chien courant de grande taille, bien charpenté avec une certaine distinction. De bonne longueur, la queue est élégamment portée avec un poil bien fourni. La tête de forme allongée n’est pas trop importante, avec une bosse occipitale marquée. Ses yeux sont grands, bruns et cerclés de noir.
De longueur moyenne, les oreilles sont attachées larges au niveau de la ligne de l’œil, plates, puis légèrement tournées. Le poil est ras et fin. La robe est de couleur tricolore, le plus souvent à manteau noir ou avec des taches plus ou moins étendues. La couleur feu est vive ou cuivrée, le feu charbonné aux joues et aux babines.
Les mouchetures de couleur bleue ou feu aux membres et sur le corps ne sont pas à rechercher. Le poil mélangé, dit « louvard », n’est pas exclu.
La retrempe par le loup n’est pas un croisement aberrant, car Canis lupus et Canis lupus familiaris sont de la même famille : « Les études de génétique moléculaire soulignent toutes la très faible différence entre les patrimoines génétiques du loup et du chien, moins de 0,1 % des gènes… » Ce genre d’expérience a été conduit par de nombreux veneurs. Parmi eux, les plus récents sont assurément Julien Bost-Lamondie, un ami angevin, et moi-même. Bien que je connaisse encore de nos jours un chasseur aux chiens courants, dont une lice en maraude, alors qu’elle était en chaleur, a été prise par un loup errant sur les contreforts du Jura, et je crois même que ses produits chassent aujourd’hui le chevreuil ! Mais c’est là une autre histoire que j’aurai certainement un jour l’occasion d’évoquer…
Fiche technique
Groupe : 6
Poids : 30 à 35 kg
Hauteur au garrot : 62 à 72 cm
Gibiers de prédilection : chevreuils, cerfs, sangliers, renards