La grande bataille des perceptions

Dans le monde médiatiser où nous vivons, les perceptions relèvent du ressenti et de l’émotion, presque jamais de connaissances acquises, la première approche réclamant beaucoup moins d’effort que la seconde pour ceux qui les expriment comme pour ceux qui les écoutent.

A propos d’un conflit d’une tout autre ampleur qui dévaste actuellement le Proche Orient, un commentateur évoquait récemment la « grande bataille des perceptions. » Dans le conflit qui voit s’opposer chasseurs et animalistes, conflit moins meurtrier convenons-en tout d’abord, les chasseurs abordent la « grande bataille des perceptions » avec un réel handicap.

La polémique lancée à grands coups de propagande mensongère par les opposants à la vènerie lors d’une chasse dans un grand massif du centre de la France en a fourni un excellent exemple au cours de la saison. L’équipage qui chassait sur son territoire avait simplement retiré la meute et gracié l’animal de meute lorsque celui-ci était entré dans le jardin d’une maison, appliquant ainsi à la lettre l’arrêté ministériel du 25 février 2019 qui stipule que les équipages de vènerie ont l’OBLIGATION légale de gracier un animal pénétrant à proximité des habitations.

Cet épisode paraissait s’achever dans le strict respect de la légalité ; c’était faire peu de cas de la « grande bataille des perceptions » qu’entamaient deux jours plus tard nos opposants, d’ailleurs totalement absents le jour-même. A force d’appels téléphoniques multipliés aux habitants du village où se situait le jardin, ils en identifiaient enfin le propriétaire. Brave homme, celui-ci expliquait qu’il n’avait rien contre la chasse mais qu’il ne voulait pas qu’elle entre dans son jardin ; rien là que de compréhensible !

Il avait « sauvé ce beau cerf qui n’avait rien demandé » etc.

L’autoproclamée lanceuse d’alerte animaliste qui avait débusqué ce témoin en concluait dans son pseudo-reportage que les habitants demandaient l’interdiction de la chasse sur le territoire de la commune. Cette commune, elle en connaît peu les habitants puisqu’elle est installée dans la région depuis deux mois et qu’elle en prononce mal le nom, quand l’équipage incriminé réside sur le territoire de la forêt depuis deux siècles, connaissant chaque village et ses habitants.

Et pourtant, dans la « grande bataille des perceptions », ce brave riverain est la belle âme, sauveur de cerfs, et l’animaliste le vaillant lanceur d’alerte, combattant contre les vestiges d’un temps révolu. L’un et l’autre oublient ce faisant que la chasse du grand gibier est soumise en France à un contrôle strict et réglée par la nécessité de réguler les espèces sauvages pour rendre leur existence, sous nos latitudes, compatible avec les activités humaines. La vènerie contribue à cette régulation, et l’animal prétendument sauvé ce jour-là aura très certainement été tiré quelques jours plus tard par un autre chasseur.

Convenons cependant que cette explication un brin technique est bien éloignée des clichés racoleurs qui aident à gagner la « grande bataille des perceptions. » Mais cette bataille n’est pas la guerre, que les chasseurs et les veneurs gagneront s’ils expliquent sans relâche le bien-fondé de leur action aux élus, aux relais d’opinion, à la population dans son ensemble. Notre cause est juste ; elle nécessite d’aller au-delà de l’émotion des perceptions ; il appartient à chacun de nous de porter le message, d’être un veneur militant.

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