La colère est devenue la posture optimale pour briller sous les feux de l’opinion médiatique. Tels les tournesols vers le soleil, les micros se tendent vers la colère de nos contemporains dans les circonstances les plus variées, colère qui tend à démontrer l’injustice de la situation ressentie par le coléreux et la légitimité de sa révolte.
Colère contre le retard d’un train, le prix du gasoil, la situation faite aux intermittents du spectacle, une classe sans enseignant, les violences policières, une décision de justice défavorable, la faim dans le monde, les événements au Proche-Orient, etc. En utilisant la même posture pour dénoncer les événements les plus graves et les plus anodins, le verbiage ambiant a démonétisé la colère.
Retour aux sources pour rappeler que la colère est un des sept péchés capitaux qui sont, dans la religion chrétienne, les sept « vices » qui génèrent tous les autres. Les six autres sont l’avarice, l’envie, l’orgueil, la gourmandise, la paresse et la luxure. Ce rappel ne relève pas d’une brusque bigoterie du rédacteur de ces lignes mais tend à démontrer que ces penchants ne datent pas d’aujourd’hui pas plus que leur effet néfaste. Ou bien, pour parler moderne, ces comportements ne contribuent pas « au vivre ensemble dans une acceptation harmonieuse d’une diversité riche de sens. »
La colère est la sœur cadette de l’indignation, que le philosophe Stéphane Hessel avait consacrée dans son ouvrage « Indignez-vous ! » Comme la colère, l’indignation épargne celui qu’elle envahit de réfléchir, de s’informer, de vouloir comprendre. S’indigner, se mettre en colère, c’est exprimer à la face du monde la « sensibilité de son moi profond », autant dire la vacuité d’une absence de connaissance, d’un refus de comprendre, façonnés à la truelle de la bien-pensance ambiante.
Ce (trop) long développement sur colère et indignation n’est pas sans raison : ils sont le carburant de ceux qui voudraient voir interdire la chasse à courre, de nos opposants de terrain, ou de ce qu’il en reste, tant leurs gesticulations grotesques semblent avoir quasiment abandonné le terrain de nos chasses. Mais ce carburant est en train de se tarir. Le caudillo picard moustachu s’essaie bien encore à quelques déclinaisons colériques et indignées sur les réseaux sociaux, mais la mobilisation n’est plus qu’au rendez-vous de son cerveau perturbé animé par un pur clientélisme politique. La tentative d’agitation du monde digital connaît ses limites ; les internautes apprennent, eux, à distinguer la manipulation de la vérité, et les vidéos trafiquées des témoignages sincères.
Les veneurs ont pris l’exact contre-pied de cette propagande digne des idéologies les plus ringardes. Ils expliquent la chasse à courre, ouvrent les portes de leurs chenils, convient aux rendez-vous de leur chasse, non pas seulement ceux qui veulent l’aimer mais surtout ceux qui s’y intéressent ou même s’en inquiètent.
Le président de la Société de Vènerie, Pierre-François Prioux, a ainsi été reçu récemment par les députés du groupe d’études condition et bien-être animal. Le rapport en est donné dans cette lettre d’information. Ce groupe ne compte pas que des amis de la vènerie : Aymeric Caron, Bastien Lachaud, Sandrine Rousseau, Nicolas Thierry en font partie. On notera sans étonnement qu’aucun d’eux n’étaient du nombre des 25 élus présents ou représentés pour auditionner le président Prioux ; ils auraient risqué de comprendre ce qu’est vraiment la vènerie, bien différente de leur idéologie moisie. Pendant ce temps, la susnommée Sandrine Rousseau, jamais en mal d’une drôlerie, préfère proposer l’augmentation de la TVA (sic) pour la chasse à cour (re-sic). Elle est où la TVA dans nos associations ? On ne saurait faire boire un âne qui n’a pas soif (de connaître).