Le Télégramme – ven 28 février
Le vice-président de la Société de vénerie rebondit sur l’affaire du cerf tué chez Luc Besson pour défendre la pratique de la chasse à courre. Les images d’un cerf abattu sur la terrasse d’une propriété de Luc Besson, en Normandie, diffusées la semaine passée, ont heurté la sensibilité de bon nombre de personnes.
Les nombreux débats télévisés ou radiophoniques qui ont suivi (pour certains bien peu respectueux du contradictoire…) l’ont montré. L’enquête ouverte par le parquet d’Argentan, suite à la plainte du réalisateur, permettra de faire toute la lumière sur cet incident, et c’est heureux : la chasse, en France, est une activité légale et encadrée. Ainsi, tout acte illégalement commis doit être sanctionné par la loi.
Reste que ces événements ont fait une autre victime collatérale : la chasse à courre. Dès l’origine, une dépêche a relayé une information erronée : la mise à mort d’un cerf sur cette terrasse l’aurait été lors d’une chasse à courre. Immédiatement, cette dépêche a été reprise par bon nombre de médias et les réseaux sociaux, les plateaux télé et les commentateurs se sont emparés de l’affaire, la transformant, pour certains, en un débat outrancier. Mais la vérité est toute autre : il s’agissait d’une chasse à tir, qui est une pratique distincte et, dans ce cas précis, réalisée en accord avec la préfecture de l’Orne, dans le cadre d’une régulation.
Fait amusant (s’il n’était déplorable et, au fond, assez odieux), la chasse à courre n’est même pas pratiquée dans cette partie de l’Orne ! Mais cela, personne ne l’a vérifié avant de publier.
Il nous faut donc tirer les leçons de ces événements : la chasse à courre, pratique légale, encadrée, pratiquée en collaboration étroite avec les autorités, est trop mal connue et pâtit de clichés erronés.
Aujourd’hui, elle rassemble pourtant plus de 100 000 pratiquants en France, dont près d’un tiers de femmes, et près de la moitié de ces veneurs a moins de 50 ans (sondage CSA 2023). Contrairement aux idées reçues, elle ne concerne pas uniquement le cerf : seuls 10 % des équipages s’y consacrent, tandis que le reste chasse chevreuil, sanglier, renard ou lièvre. Deux tiers des veneurs chassent à pied, suivant leurs chiens, et seule une petite part d’entre eux chasse à cheval.
Autre idée reçue, cette activité n’est pas réservée à une élite : un budget de moins de 500 euros par an permet à beaucoup de passionnés d’y prendre part. La rigoureuse enquête des sociologues Michel et Monique Pinçon-Charlot, réalisée auprès d’équipages de vénerie pendant trois ans, a démontré la diversité sociale de ses pratiquants.
La chasse à courre est certes une tradition, mais également l’expression toujours très contemporaine d’un mode de chasse pratiqué par des milliers de Français, amoureux et connaisseurs de la forêt, de la nature et de la faune sauvage.
En Bretagne historique, un peu moins d’une cinquantaine d’équipages, accueillant des veneurs ou des suiveurs à pied, à cheval ou à VTT sont recensés. Il suffit de contacter la Société de vénerie pour se rapprocher de l’un d’eux, venir assister à l’un de nos « laisser-courre » et découvrir par soi-même ce qu’il en est vraiment de cette pratique. Ainsi, chacun pourra se faire son idée, en toute indépendance d’esprit et loin du « buzz ».