Dans son édito de la Société de Vénerie, Antoine Gallon revient sur la question de savoir si il faut emmener les enfants à la chasse. Prenez le temps de lire son analyse.
Dans son numéro du 30 juillet dernier, le Figaro s’interrogeait sous la plume du pourtant peu progressiste Paul Sugy sur une question qui fait débat : « faut-il emmener des enfants à la chasse ? ». Antoine Gallon de la Société de Vénerie répond à cette question dans un éditorial que nous vous partageons. Nous avons en effet beaucoup aimé son analyse très pertinente.
Les enfants à la chasse : un moment de rencontre privilégié avec le monde animal
Notre époque dorlote ses enfants et s’efforce de ménager leur sensibilité, leur confort, leur innocence. Rien ne doit altérer la prétendue pureté de nos bambins. Dans ces conditions, le « spectacle » de la chasse, ce moment où l’homme tue, peut apparaître comme bien peu adapté à de jeunes sensibilités. Et pourtant, la chasse en général et la chasse à courre en particulier constituent un moment de rencontre privilégié avec le monde animal.
Avec les chiens tout d’abord
Si vous promenez votre chien en ville, regardez le comportement des jeunes à l’égard de votre fidèle compagnon. Un jeune sur deux a peur du « meilleur ami de l’Homme ». En ces temps où on exalte les vertus de l’altérité, nos jeunes craignent l’altérité animale. En ceci qu’ils ne la décodent pas. Bien au chaud dans leur univers familier, ils parlent, à travers les réseaux sociaux, avec des jeunes du monde entier.
Mais, en réalité, ils n’échangent, dans ces circonstances, que les lieux communs du « village global ». À l’inverse, ils craignent d’aborder un chien dont ils ne décodent pas le comportement. Et pourtant la véritable expérience de l’altérité consiste dans la rencontre physique avec l’autre, pas dans une fantasmatique relation numérique.
La rencontre avec une meute de chiens de vènerie est plus spectaculaire encore.
Nos chiens de meute sont nombreux et de grande taille pour la plupart. Aux ordres et parfaitement inoffensifs avec l’être humain. L’enfant n’est guère plus grand que le chien de meute. Quiconque a vu des jeunes se mêler à une meute de chiens de vènerie, lors d’une fête de la chasse, en conserve un souvenir attendri.
René Kléboth ne manquait jamais son effet lorsqu’il invitait les enfants dans le public à rejoindre sa meute de magnifiques poitevins. L’enfant doit d’abord surpasser une légitime appréhension pour aborder ces inconnus canins si nombreux. Et lorsqu’il s’y risque, il ne récolte au plus que quelques coups de langue humides qui disent l’affection du chien pour l’Homme. Une première étape concluante de la rencontre avec l’altérité. Un premier échange annonciateur de la tendre complicité qui unit l’Homme et le chien, qu’il soit de meute ou pas.
La rencontre avec l’animal sauvage
L’autre rencontre que propose la chasse à courre est celle de l’animal sauvage. Une rencontre authentique, avec un animal qui craint et fuit l’Homme, son prédateur historique. La confrontation qui oppose la meute et l’animal de chasse est dénuée de tout artifice. C’est l’exact contraire de Call of Duty. Cette série de jeux vidéo où l’enfant-joueur – enfant-tueur – est invité à tirer sur tout ce qui bouge depuis le confort douillet de sa chambre. Ce qui en fait un authentique tueur en série virtuel, en redoutant pire…