25 mars 2024
La saison de chasse à courre s’achève
La chasse à tir a cessé le 29 février dans l’Allier, sauf pour les sangliers dont les battues ont été prolongées jusqu’au 31 mars. Une autre chasse s’achève ce dimanche soir, minoritaire, mais spectaculaire, la chasse à courre, à cor et à cri. Une tradition encore vive dans l’Allier que la fédération compte défendre. « Ici, la vénerie est pratiquée dans les règles de l’art et par tous les milieux sociaux, il ne faut pas importer des problèmes de la région parisienne », expose le président des chasseurs de l’Allier, Jean-Pierre Gaillard. Le département de l’Allier concentre une diversité d’équipages de vénerie impressionnante. « Il existe des dizaines d’équipages dans l’Allier. Chacun est spécialisé dans une espèce, car les chiens sont créancés pour lancer un animal en particulier, c’est-à-dire éduqués pour débusquer soit le cerf, soit le chevreuil, soit le sanglier, le lapin ou le lièvre, etc. Il passera sans un regard à côté d’un animal qu’il n’a pas appris à lancer », expose Jean-Pierre Gaillard. Et le président des chasseurs de s’inscrire en faux contre l’opprobre jetée parfois sur cette pratique, « loin d’être cruelle et sanguinaire comme certains aimeraient le faire croire ».
« Un spectacle naturel où l’animal gagne le plus souvent »
Rares sont, en effet, les chasses à courre fructueuses : « Par exemple, le Rallye L’Aumance prélève vingt cerfs par an en forêt de Tronçais, sur les six cents inscrits au plan de gestion. La chasse à courre est un spectacle naturel où l’animal gagne le plus souvent », s’enthousiasme Jean-Pierre Gaillard.
« Pour nous, une chasse est belle quand les chiens suivent bien l’animal malgré ses ruses. » Lui-même pratique la vénerie du chevreuil et demeure émerveillé par cet animal « capable de retenir ses sentiments, c’est-à-dire son odeur » ;« nous prélevons un chevreuil toutes les cinq sorties en moyenne ». Au bout du compte s’il y a réussite, « le chien ne doit pas manger l’animal, c’est aussi une particularité de la vénerie ».
L’Allier compte de nombreux équipages emblématiques, en activité depuis plusieurs décennies.
En vénerie du lièvre, citons le Rallye Sans-le-sou à Emmanuel Frachon, « renommé dans toute la France ». Ce maître d’équipage, agriculteur de profession à Souvigny, est aussi connu pour ses peintures animalières. Pour le lapin, citons le Rallye Janot, à Agonges. Pour le chevreuil, celui du Percevent en forêt de Bagnolet. « La principale musique de la chasse à courre, ce sont les réécries des chiens à la lancée et à la poursuite. »
En vénerie, le chien n’aboie pas ni ne jappe : il réécrie. Les trompes rythment aussi la chasse en diverses circonstances : « On sonne un changement de parcelle, la culbute d’un cavalier, quand l’animal se jette à la rivière ou à l’étang, c’est le bat-l’eau, ou encore l’hallali, quand l’animal est pris. »
Pour le sanglier, le Rallye Chapeau est l’un des plus vénérables : « il a été fondé en 1904 par Michel Beauchamp qui a créé une race de chiens, les Blanc et Noir. Cet équipage est maintenant basé à Vaumas et c’est le Rallye à la famille de Monspey. »
En vénerie du sanglier, le Vautrait de Banassat à Éric et René Kleboth est également renommé. « Être invité à participer est un honneur, mais on peut aussi assister de loin. À Tronçais, deux cents à trois cents personnes assistent chaque jour au laisser-courre », fait savoir Jean-Pierre Gaillard.
En forêt de Tronçais, la vénerie du sanglier a lieu les mardis et vendredis et celle du cerf les mercredis et samedis. Pour le chevreuil, ce sont des journées plus irrégulières, sur licence auprès de l’ONF. « C’est tout un art la vénerie, mais aussi toute une réglementation ! »
Stéphanie Ména
