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Une meute en visite à l’Ehpad

C’est dans le cadre d’un partenariat établi grâce à un élu local que l’Équipage des Beaux Couverts a récemment été invitée à découpler ses chiens dans la voie du renard, sur le territoire de l’ACCA de Brigueuil-le-Chantre, dans la Vienne. Une journée où tradition et partage se sont conjugués.

Avant de partir sur le terrain, un arrêt a été organisé à l’EHPAD de la commune. Souhaitant offrir aux résidents un moment de convivialité, l’adjoint au maire a proposé une présentation de la meute et quelques fanfares de trompes. Ce rituel, devenu une tradition saisonnière, a permis aux résidents – une soixantaine présents ce jour-là – de renouer avec les souvenirs et les émotions d’antan. Un ancien président de l’ACCA a notamment témoigné d’une grande émotion, tandis que les résidents ont chaleureusement accueilli les veneurs autour de café et de viennoiseries.

La chasse s’est ensuite ouverte sur un territoire idéalement adapté à la vènerie du renard. Durant près de quatre heures, les veneurs ont suivi une piste qui a débuté par un terré dans un pailler, avant de poursuivre l’animal dans une garenne. Après deux heures de relances et de poursuites dans un environnement varié, l’hallali a finalement été sonné le long d’une rivière, à proximité d’un moulin abandonné situé à près de huit kilomètres du lancé.

La journée s’est conclue par la curée, suivie d’un verre de l’amitié. Une journée à la croisée des valeurs de la chasse : passion, respect du territoire et lien intergénérationnel.

Daniel Labaronne reconduit à la présidence du groupe d’études « Chasse et pêche » de l’Assemblée nationale

Daniel Labaronne, député d’Indre-et-Loire, a été reconduit fin janvier à la co-présidence du groupe d’études « Chasse et pêche » de l’Assemblée nationale, aux côtés de Christophe Blanchet, député du Calvados et lui-même chasseur. Cette nomination commune illustre la reconnaissance de leurs compétences et de leur engagement sur des sujets essentiels pour nos territoires.

Fort d’une connaissance approfondie des écosystèmes ruraux et d’un dialogue constant avec les acteurs de terrain – chasseurs, pêcheurs, associations environnementales, gestionnaires d’espaces naturels et collectivités – Daniel Labaronne poursuivra avec détermination les travaux engagés sous son précédent mandat.

Daniel Labaronne a déclaré : « Chasse et pêche ne sont pas seulement des pratiques, ce sont des traditions profondément enracinées dans notre patrimoine et nos paysages. Elles jouent également un rôle majeur dans l’aménagement du territoire et la gestion durable de la faune et des milieux naturels. Mon objectif, avec Christophe Blanchet, est de poursuivre le travail collectif pour garantir un équilibre entre les usages, dans le respect de chacun. »

83 députés, majoritairement élus de la droite et du centre, constituent le groupe d’études chasse et pêche.

De l’utilité de la chasse à courre

La chasse à courre est-elle utile ? Voilà bien une question soulevée par ceux qui souhaitent y répondre par la négative : non, la chasse à courre ne serait pas utile car elle tue peu d’animaux. L’incompréhension qui préside aux relations entre les chasseurs et leurs opposants se trouve résumée dans cette phrase qui se voudrait une démonstration.

Tout d’abord, pas un chasseur à courre, à tir, au vol, sous-terre ou à quoi que ce soit d’autre ne chasse parce que c’est utile, ni même pour « tuer ». Il chasse parce que le mode de chasse qu’il pratique l’intéresse, le délasse, le passionne, lui permet de retrouver des amis, sa famille, ses voisins, et mille autres raisons ; mais pas un seul ne part à la chasse en se disant : « je vais faire quelque chose d’utile ».

Certes la chasse est utile ; elle assure la régulation de la faune sauvage et, par là même, la possibilité de voir cohabiter dans un même espace les activités des hommes (agriculture, sylviculture, urbanisation, circulation routière et ferroviaire) et des animaux sauvages. Mais cette utilité n’est que la conséquence d’un prérequis : l’intérêt de certains de nos contemporains pour la pratique de la chasse.

Au chapitre du rendement, reconnaissons que la chasse à courre est moins efficace que la chasse à tir. Une journée de vènerie conduit à la prise d’un animal une fois sur quatre, quand une journée de chasse à tir voit généralement plusieurs animaux au tableau. Il faut donc croire que l’utilité n’est pas le critère qui prévaut à la perpétuation de la vènerie, et c’est tant mieux. Car si l’on devait apprécier la persistance d’une activité humaine à son utilité, que deviendraient nombre de nos loisirs ? Utiles le football, les vacances à l’autre bout de la terre, ou la pratique du ski ? Utiles la navigation de plaisance ou les jeux électroniques ? Et surtout qui pour décider que telle ou telle activité est « utile » ?

Ce qui est « utile » à proprement parler, c’est de travailler, se nourrir et dormir, pour ensuite recommencer. Beau projet que nous proposent ces chantres de l’utile, dont certaines dictatures d’Asie nous offrent d’excellentes illustrations ! En réalité, il y a une certaine curiosité à nous proposer de passer nos activités au prisme de l’utile dans une époque qu’on qualifie fréquemment de civilisation des loisirs.

Question primordiale qui sous-tend la plupart de nos débats de société : la relation du travail et du temps libre, la place des loisirs dans l’accomplissement individuel et l’aliénation résultant jadis de l’organisation industrielle du travail. Il est heureux que les progrès techniques aient permis à l’Homme de dégager du temps libre pour exercer des activités extra-professionnelles qui lui procurent épanouissement, bien-être et bonheur : se rencontrer, échanger, collaborer pour se cultiver et devenir meilleur.

Et c’est bien là ce que procure la vènerie : un épanouissement par la rencontre et la connaissance jamais satisfaite du monde sauvage. La vènerie est une véritable culture dont nous sommes les dépositaires. Sachons la pratiquer avec une éthique irréprochable et la transmettre aux générations futures dans sa plus belle expression.

Le Rallye Garenne Anjou fête Saint Hubert en grande pompe

Le dimanche 10 novembre 2024, le Rallye Garenne Anjou, équipage du Maine-et-Loire chassant dans la voie du lapin, a fêté Saint Hubert en l’église de Vezins, accompagné par les trompes des Echos du Lys ainsi que du Bien Allé du Bocage et en présence de nombreuses personnes venues découvrir la chasse à courre.

Après un vin d’honneur et une restauration rapide servie sur les lieux de la chasse, nous donnons les chiens. La voie n’est pas bonne mais la meute prend deux animaux. La curée est sonnée avec les nombreuses trompes présentes.

La journée s’est terminée par un dîner auquel étaient présentes 200 personnes.

L’association Amis Veneurs, créée pour le repeuplement du petit gibier, a participé activement à l’organisation de cette journée.

Cette journée de Saint-Hubert est une belle réussite !

 

Par Alain DRON, maître d’équipage du Rallye Garenne Anjou.

Faut-il emmener des enfants à la chasse ?

Dans son numéro du 30 juillet dernier, le Figaro s’interrogeait sous la plume du pourtant peu progressiste Paul Sugy sur une question qui fait débat : « faut-il emmener des enfants à la chasse ? »

Notre époque dorlote ses enfants et s’efforce de ménager leur sensibilité, leur confort, leur innocence ; rien ne doit altérer la prétendue pureté de nos bambins. Dans ces conditions, le « spectacle » de la chasse, ce moment où l’homme tue, peut apparaître comme bien peu adapté à de jeunes sensibilités. Et pourtant, la chasse en général et la chasse à courre en particulier constituent un moment de rencontre privilégié avec le monde animal.

Avec les chiens tout d’abord : si vous promenez votre chien en ville, regardez le comportement des jeunes à l’égard de votre fidèle compagnon : un jeune sur deux a peur du « meilleur ami de l’Homme ». En ces temps où on exalte les vertus de l’altérité, nos jeunes craignent l’altérité animale, en ceci qu’ils ne la décodent pas ; bien au chaud dans leur univers familier, ils parlent, à travers les réseaux sociaux, avec des jeunes du monde entier, mais, en réalité, ils n’échangent, dans ces circonstances, que les lieux communs du « village global ». À l’inverse, ils craignent d’aborder un chien dont ils ne décodent pas le comportement ; et pourtant la véritable expérience de l’altérité consiste dans la rencontre physique avec l’autre, pas dans une fantasmatique relation numérique.

La rencontre avec une meute de chiens de vènerie est plus spectaculaire encore : nos chiens de meute sont nombreux et de grande taille pour la plupart, aux ordres et parfaitement inoffensifs avec l’être humain. L’enfant n’est guère plus grand que le chien de meute. Quiconque a vu des jeunes se mêler à une meute de chiens de vènerie, lors d’une fête de la chasse, en conserve un souvenir attendri ; René Kléboth ne manquait jamais son effet lorsqu’il invitait les enfants dans le public à rejoindre sa meute de magnifiques poitevins. L’enfant doit d’abord surpasser une légitime appréhension pour aborder ces inconnus canins si nombreux ; et lorsqu’il s’y risque, il ne récolte au plus que quelques coups de langue humides qui disent l’affection du chien pour l’Homme. Une première étape concluante de la rencontre avec l’altérité. Un premier échange annonciateur de la tendre complicité qui unit l’Homme et le chien, qu’il soit de meute ou pas.

L’autre rencontre que propose la chasse à courre est celle de l’animal sauvage. Une rencontre authentique, avec un animal qui craint et fuit l’Homme, son prédateur historique. La confrontation qui oppose la meute et l’animal de chasse est dénuée de tout artifice. C’est l’exact contraire de Call of Duty, cette série de jeux vidéo où l’enfant-joueur – enfant-tueur – est invité à tirer sur tout ce qui bouge depuis le confort douillet de sa chambre, ce qui en fait un authentique tueur en série virtuel, en redoutant pire…

À la chasse à courre, l’enfant se met en mouvement, sort de sa chambre pour aller dans la nature qu’il fasse froid ou qu’il pleuve, se salir peut-être dans la boue, courir derrière les chiens et les écouter crier leur joie de chasser. C’est un moment de vérité. L’action à laquelle il leur est proposé de prendre part est authentique : celle d’une poursuite entre une meute prédatrice et sa proie. L’animal chassé est proie depuis la nuit des temps et a développé les capacités pour échapper à ses prédateurs. Le chien, descendant du loup, est prédateur, lui-aussi depuis la nuit des temps, et il a développé des capacités olfactives sans égal pour poursuivre l’odeur que laisse l’animal sauvage sur son passage.

Cette rencontre est-elle cruelle ? Voilà bien un mot-valise auquel on fait dire ce qu’on veut. La cruauté consiste à placer un être vivant dans des conditions que ses capacités physiques et sensorielles ne lui permettent pas d’affronter (un chien enfermé et privé de nourriture, un chat dans une voiture au soleil, un poisson rouge sorti de son bocal). Rien de tel dans la chasse, l’animal chassé possède toutes les capacités physiques et sensorielles pour affronter son prédateur. La meilleure preuve en est qu’il lui échappe trois fois sur quatre.

Alors oui, il faut bien sûr emmener nos enfants à la chasse, pour leur faire rencontrer la vraie nature, pas le monde fantasmé de Walt Disney où le roi-lion est l’ami du phacochère, mais celui fait de chair et de sang où les animaux luttent et combattent pour survivre dans un environnement magnifique mais toujours hostile.

Loin de développer une quelconque pulsion morbide, la vènerie offre plutôt à l’enfant d’accéder à la connaissance du sacré dans le sens où l’entend le philosophe Régis Debray : « Ce qui légitime le sacrifice et interdit le sacrilège » : le sacrifice de l’effort et l’interdit du sacrilège, qui consiste dans l’éthique de la chasse.

Le sacré est ce qui donne la vie et ce qui la ravit, c’est la source d’où elle coule, l’estuaire où elle se perd. Roger Caillois

Impôts et taxes

Les idées les plus diverses traversent l’esprit du législateur pour trouver de nouvelles façons de percevoir l’impôt. Deux d’entre elles ont récemment retenu notre attention.

La première envisagerait de taxer annuellement les propriétaires de chiens : 300 € par chien. Nous laissons chacun procéder aux calculs afférents à la meute de son équipage.

La seconde concerne nos amis des courses hippiques. Un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale 2025 vise, en effet, à alourdir la taxation des paris hippiques. Le pari hippique n’est pas un jeu d’argent classique, car il finance une filière agricole complète : celle du cheval, dont les veneurs sont partie prenante. Une hausse de la fiscalité des courses, c’est une baisse de revenu pour les agriculteurs, et c’est un risque mécanique de baisse d’activité et de suppressions d’emplois. Rappelons aussi que les courses procurent à la vènerie une grande partie de ses chevaux. Le monde des courses au trot et au galop a donc décidé de manifester le jeudi 7 novembre prochain à 13h00 à Paris. Le parcours sera précisé dans les prochains jours.

Photo : © flawleger/France Galop

Chasse à courre et propriété privée

Pour chasser, les veneurs ont besoin d’espace (Monsieur de Lapalisse n’aurait pas dit mieux). Trois configurations coexistent et parfois se cumulent : soit ils possèdent le territoire sur lequel ils chassent, soit ils y sont invités, soit ils le louent. Aucune autre possibilité ne s’offre à eux.

Hélas, les animaux ne connaissent pas les limites de ces territoires, et, en tout cas, leur course peut les conduire à en sortir. La chasse arrive alors chez les voisins ! en conséquence, on comprend que la question du droit de propriété est intimement liée à la pratique de la chasse à courre.

Qu’en est-il des règles en usage dans les circonstances où l’animal de meute sort du territoire de chasse ? Comme toute pratique cynégétique, la chasse à courre est encadrée par des règles strictes. En matière de propriété privée, les règles sont simples : le propriétaire ou l’ayant-droit d’un territoire autorise ou n’autorise pas le passage de la chasse à courre sur ses terres. S’il ne l’autorise pas, les chiens sont repris aussi rapidement que possible. Il appartient donc à l’organisateur de la chasse ou à celui qui l’accueille de connaître les volontés de ses voisins.

Il en est ainsi pour les équipages très majoritaires qui chassent en territoire privé. Il en va de même pour les équipages qui louent des forêts domaniales. Ces dernières sont, par définition, entourées de propriétés privées ; il appartient, là-aussi, aux équipages qui les louent de connaître les volontés de leurs riverains et de les respecter, sauf à encourir les poursuites de ceux qui y seraient opposés.

Nos opposants avides de mises en scènes mélodramatiques stigmatisent désormais le passage des équipages dans les propriétés privées. Après avoir tenté d’émouvoir le grand public avec la mort d’animaux dont la régulation encadrée et contrôlée est une nécessité, ils présentent désormais les veneurs comme les nouveaux envahisseurs, dignes descendants de Gengis Khan, l’empereur mongol dont les campagnes militaires le menèrent jusqu’aux portes de l’Europe, il y a huit siècles.

Une vidéo montre-t-elle une barrière qui s’ouvre au passage d’un cavalier pénétrant dans un pré, et c’est, bien sûr, une violation manifeste du droit de propriété qu’il faut dénoncer ! Renseignements pris, le veneur est seulement entré dans son pré, ou celui d’un de ses vieux amis !

Ce serait risible si ça ne risquait d’induire le grand public en erreur. C’est surtout la démonstration répétée de la totale ignorance de nos opposants pour ce qui touche à la chasse à courre, ses usages, les règles qui l’organisent et la réalité du monde rural. Heureusement, à force de brandir leurs téléphones sur la plus anecdotique séquence de chasse pour échafauder des hypothèses farfelues, nos lanceurs d’alerte autoproclamés ne font que démontrer l’inanité de leurs actions.

Soyons parfaitement clairs, les veneurs ne sont pas au-dessus des lois et si, d’aventure, il était acté que l’un de nous est contrevenu dans une circonstance particulière aux règles qui régissent la chasse, il serait, comme tout citoyen, passible de poursuites. Pour autant, ça ne justifie pas de débiter des calomnies pour alimenter une idéologie nauséabonde.

Parole de veneur : Thomas Galichon

Que peuvent bien avoir en commun Yann Arthus-Bertrand, Véronique Sanson, Claude Lelouch ou encore l’ex-député et mathématicien Cédric Villani ? Le 8 janvier 2023, avec une cinquantaine de personnalités, ils signaient dans Le Monde, une tribune sobrement intitulée « La chasse à courre sème le chaos et la terreur, nous demandons son abolition ».

Vous l’aurez compris – c’est un euphémisme – la vénerie souffre de mauvaise réputation. “Les braves gens n’aiment pas que, l’on suive une autre route qu’eux”. En bref, un loisir élitiste, cruel et archaïque réservé aux plus fortunés. N’en jetez plus ! En cause, un héritage aristocratique, la chasse à courre ayant longtemps été associée à la noblesse, à ses privilèges. Autre temps, autres moeurs. Les échecs – François Ier en était passionné – le théâtre ou le libertinage n’ont – eux – jamais subi le poids du passé. En 2024, vaudrait-il donc mieux être volage que veneur ?

L’illusion du drame

Pourquoi la chasse à courre reste-t-elle une cible si facile ? En cause, le diktat des images auxquelles se greffent de solides idées préconçues. La vénerie – à l’heure du like, tweet and co – n’est plus abordée que par l’angle du drama, mettant en scène incidents et éclats de voix. Combien d’entre nous ont le coeur qui se serre au décollage d’un avion, alors que le risque de mourir en voiture est cent fois plus élevé ? Ce décalage entre perception et réalité trouve un écho direct dans la manière dont la vénerie est aujourd’hui perçue.

Ces images, largement partagées et commentées, construisent une représentation déformée de la pratique. À une époque où l’information circule à une vitesse folle, les récits nuancés ont souvent du mal à rivaliser avec les images chocs, et la chasse en est un exemple flagrant. L’opinion publique, influencée par l’émotion brute, condamne une tradition complexe et nuancée, bien plus subtile que ce que le sensationnalisme viral pourrait le laisser penser.

Qui pour conter le reste, franchir le fossé du réel ? Dire l’amour et le soin inconditionnel porté aux chiens et chevaux, la connaissance intime des territoires, le respect d’un biotope, de ses rythmes et de ses équilibres. Qui pour parler de ces femmes et de ces hommes, de ces liens tissés qui transcendent les horizons sociaux et les générations ? Une récente enquête menée par le CSA pour la Société de Vénerie apporte un éclairage précieux sur ces questions.

Veneur qui es-tu ?

A en croire cette étude, le profil type du veneur en 2023 est loin de l’image souvent projetée. Les résultats montrent que 28 % des membres d’équipage sont des femmes, un chiffre particulièrement élevé comparé aux 3 % de femmes chez les chasseurs en général. Le rapport révèle également que 53 % des veneurs résident dans des communes de moins de 2 000 habitants.

Autrement dit, la majorité des chasseurs à courre ne sont pas en quête d’exotisme rural mais vivent au coeur des territoires qu’ils pratiquent, profondément ancrés dans la vie de ceux-là. Cette proximité leur permet d’agir en véritables gestionnaires des espaces naturels, contribuant à la régulation – modeste – des populations animales et à la préservation des habitats. Contrairement à d’autres formes de gestion de la faune, souvent plus invasives, la vénerie s’inscrit dans un rapport respectueux favorisant un équilibre écologique durable.

Dans une époque où les générations semblent parfois avoir du mal à se comprendre, la vénerie fait également figure d’exception. L’enquête montre que 41 % des membres d’équipage ont moins de 50 ans, avec une pyramide des âges plutôt équilibrée. Cette diversité générationnelle va de pair avec une approche plus nuancée de la pratique. Contrairement à l’idée reçue, 62 % des veneurs dépensent moins de 1 000 € par an, un budget bien plus modeste qu’on pourrait l’imaginer pour un loisir souvent perçu comme élitiste. Mais au-delà des chiffres et des clichés, la vénerie soulève une question plus profonde, celle de notre rapport actuel à l’animal. Ce débat touche à la notion de naturalité, qui implique de respecter les instincts et les comportements innés des espèces, sans altérer leurs capacités physiques et sensorielles. L’anthropomorphisme nous fait voir les animaux à travers notre prisme humain, nos émotions, alors que la nature les guide selon leurs propres instincts.

L’instinct et la laisse

À une époque où l’animal est perçu avant tout comme un être domestique, compagnon de vie ou sujet à protéger, la vénerie se heurte à une incompréhension. Cette vision moderne de l’animal, bien qu’il soit évidemment sensible, tend à vouloir le protéger de tout risque, sans distinction entre les environnements dans lesquels il vit. Cela crée une opposition entre une société qui s’éloigne des réalités du vivant et une pratique qui repose sur une interaction naturelle et équilibrée.

Loin d’être une pratique cruelle, la vénerie respecte les mécanismes propres à la vie sauvage : la traque, la fuite et l’instinct de survie. Contrairement à l’idée reçue d’une poursuite impitoyable, l’animal conserve, plus que dans nulle autre chasse, ses chances de s’échapper, car il évolue dans son propre environnement, en pleine possession de ses capacités naturelles. Cet aspect de la vénerie, qui repose sur le respect des interactions entre les espèces et leur habitat, se heurte souvent à une perception moderne qui ne saisit pas pleinement le rôle crucial et la place de l’animal dans la biodiversité.

Cette déconnexion entre l’homme et l’animal sauvage nous amène à une réflexion plus générale : que restera-t-il de notre lien à l’animal lorsque celui-ci sera réduit à des êtres domestiqués, privés de leur animalité ? Francis Wolff, philosophe et professeur émérite à l’École normale supérieure, livre sa réponse : “En interdisant ces pratiques, l’humanité n’a pas à y gagner grand-chose et l’animalité peut y perdre énormément. Que restera-t-il pour peupler les rêves de l’Homme de son Autre qui est l’animal, parfois redoutable, parfois nuisible, parfois admirable, lorsqu’il ne restera plus que des chats sur des moquettes à qui on aura coupé les ongles et coupé les couilles. Que restera-t-il des rêves de l’humanité ?”.

En définitive, la chasse à courre au 21ème siècle – loin des clichés – interroge notre rapport contemporain à l’animal et à la nature. La question demeure : que deviendront nos relations avec l’animal sauvage si elles sont limitées à une vision domestiquée, édulcorée de la faune ? À travers la réflexion de Francis Wolff, il nous est rappelé que la richesse de notre imaginaire, de notre humanité même, est indissociable de cet « Autre » qu’est l’animal, avec ses forces, ses faiblesses, ses mystères. La vénerie, en renouant avec cette réalité naturelle, ne cherche qu’à maintenir ce lien, fragile mais essentiel, entre l’homme et la nature.

Thomas Galichon

Avec l’aimable autorisation de la Revue Nationale de la Chasse.

Oudry, peintre de courre

Illustre peintre des chasses de Louis XV, influenceur avant l’heure, Jean-Baptiste Oudry est mis à l’honneur cet automne au château de Fontainebleau pour une exposition consacrée aux chasses royales.

Louis XV, tout juste âgé de quinze ans, passe sa première commande à Oudry au retour d’un séjour de chasse chez son ministre Louis-Henri de Bourbon-Condé au château de Chantilly. Il demande au peintre de réaliser trois chasses, au loup, au renard et au chevreuil, pour la salle des gardes de son ministre. Le Roi fait à nouveau appelle à Oudry, en tant que portraitiste de chiens, pour livrer une série de onze tableaux, dont Misse et Turlu, représentant les chiens de Sa Majesté. En janvier 1728, Jean-Baptiste Oudry sera invité pour la première fois à suivre une chasse royale et il exécutera, en 1730, le magistral Louis XV chassant le cerf en forêt de Saint-Germain.

Organisée en quatre sections, l’exposition souligne la passion de Louis XV pour la chasse et l’essor considérable de la vènerie sous le règne de ce souverain. Comme point central, vous pourrez (re)découvrir les cartons des Chasses royales de Louis XV, travail préliminaire aux tapisseries des Gobelins du même nom, dont quatre des neufs cartons ont été restaurés récemment. Les Chasses royales ont constitué le projet le plus ambitieux de la carrière d’Oudry. Il s’y est consacré presqu’exclusivement pendant treize ans.

Le Fonds Vènerie a apporté son soutien au château de Fontainebleau pour la conception de l’exposition et la restauration des cartons des Chasses royales. À cette occasion, le Fonds Vènerie organise un dîner pour remercier ses généreux donateurs dans la Galerie des Cerfs le jeudi 28 novembre prochain.

Commissariat : Oriane Beaufils, conservatrice du patrimoine et Vincent Cochet, conservateur en chef du patrimoine au château de Fontainebleau.

Illustration : carton peint Le Rendez-vous au carrefour du Puits du Roi, dit Le Botté, Jean-Baptiste Oudry, 1735 (Château de Fontainebleau) © GrandPalaisRmn / Thierry Ollivier (Château de Fontainebleau)

La troïka merveilleuse

Edito d’Antoine Gallon

On le dit régulièrement, la chasse à courre est le mode de chasse le plus naturel, en ceci qu’il reproduit l’acte de prédation qui structure la chaîne alimentaire depuis la nuit des temps. Et c’est d’ailleurs son caractère naturel qui est peut-être la cause de son incompréhension par certains de nos contemporains. A l’heure des réalités virtuelles des gamers et des faits alternatifs des présidents américains, nos contemporains vivent de plus en plus éloignés de la vérité du monde naturel. Comme l’écrit Jacques Salomé dans « La vie à chaque instant » (2012), « L’ennemi de la vérité n’est pas le mensonge, mais le déni entretenu par certaines croyances qui vont s’imposer à nous comme des certitudes. » Et plus que jamais, dans une époque où l’émotion domine toute perception des situations et au titre de laquelle chacun se croit habilité à avoir un avis sur tout, les croyances règnent en maître. « Dieu est mort, Marx est mort et moi-même, je ne me sens pas très bien » disait Woody Allen. Et si Dieu, Marx et le cinéaste newyorkais sont aujourd’hui quelque peu démonétisés, ils ont cédé la place à une nouvelle idole, promoteur d’une vision fantasmée du monde sauvage, qui fait pleurnicher les miss sur les plateaux de télévision.

Mais la vènerie n’est pas qu’une pure copie de la prédation naturelle. Elle est aussi la manifestation du génie humain qui s’allie le chien et, bien souvent, le cheval. Pour chasser à courre, le veneur élève, dresse et entraîne une meute de chiens courants. Quel chemin parcouru depuis la domestication des premiers chiens, descendants du loup craintif, lui-même prédateur de l’Homme ! Quelle somme de patience et de persévérance il aura fallu au veneur pour identifier et sélectionner, à travers les âges, les races des chiens les plus aptes à chasser avec succès les animaux de vènerie ! Endurance, finesse de nez, gorge puissante : tout cela, le veneur le requiert de ses chiens de meute.

Parlons aussi du cheval, avec qui le veneur chasse les animaux les plus rapides et les plus endurants, et sans le secours duquel il lui serait impossible d’être aux chiens ou plus simplement de suivre la chasse. Le cheval, la plus noble conquête de l’Homme, mais pas la plus facile ! Et même si les chevaux de vènerie ne sont pas sélectionnés parmi les plus rétifs, que d’énergie il aura fallu consacrer à leur sélection, leur dressage et aux soins à leur prodiguer. Que de temps il aura fallu au cavalier débutant pour comprendre sa monture et la bonne manière de la solliciter. « Qui veut voyager loin, ménage sa monture » disait Racine dans Les Plaideurs ; mais qui veut chasser jusqu’à l’issue de la journée doit, lui aussi, ménager son cheval, l’entrainer avant, doser son effort pendant et le soigner après la chasse.

Chiens, chevaux, veneurs se trouvent donc réunis par la volonté des hommes pour livrer un combat loyal entre la meute et l’animal chassé suivant une éthique stricte. Et quand toutes ces conditions sont réunies, advient le mystère de la chasse à courre, l’union magique du veneur, de ses chiens et de son cheval : la troïka merveilleuse !

Bonne saison 2024/2025, à pied comme à cheval

Grand succès pour l’Assemblée Générale de la Société de Vènerie 2024

500 participants avaient pris place dans la salle de l’Assemblée Générale de la Société de Vènerie qui se tenait le samedi 25 mai au Grand Parquet de Fontainebleau, dans le cadre de Nature et vènerie en fête. Face à eux, Pierre-François Prioux, président de la Société de Vènerie, avait réuni un parterre d’intervenants de grande qualité. Ce sont ainsi Julien Gondard, maire de Fontainebleau, Pascal Gouhoury, président de la communauté d’agglomération du Pays de Fontainebleau, Benoît Chevron, président de la Fédération des Chasseurs de Seine & Marne, et Jean-Louis Thiériot, député de Seine et Marne, qui souhaitèrent tour à tour la bienvenue à la très nombreuse assistance.

Dans son rapport moral, Pierre-François Prioux a notamment évoqué les excellents contacts que les veneurs ont su établir avec leurs parlementaires, dans toutes les régions de France. Il a salué les maîtres d’équipage dont les chasses de la saison passée (16 000 journées cumulées) se sont déroulées sans presque aucun incident. L’école des piqueux est un des enjeux majeurs de l’année 2024/2025 ; un bilan précis en a été présenté par Henry Séchet qui porte ce projet avec la Maison Familiale Rurale de Bournezeau.

(suite…)

Deux p’tites nouvelles et puis s’en vont… en vacances

En ces temps où l’actualité nationale et internationale attire l’attention bien loin des sujets de la chasse, deux nouvelles méritent cependant de retenir l’intérêt des veneurs.

Le 24 mai, une dépêche de l’AFP faisait savoir que « Le parquet de Soissons a requis le renvoi en correctionnelle de Christophe Ellul pour « homicide involontaire » après la mort de sa compagne Elisa Pilarski des suites de morsures canines dans une forêt de l’Aisne fin 2019. L’instruction a permis de « réunir des charges suffisantes » pour identifier le seul animal à l’origine des blessures ayant causé la mort de la victime, à savoir le chien Curtis, appartenant à M. Christophe Ellul. »

Chacun se souvient de la tempête médiatique qui s’était abattue sur la vènerie après la mort tragique d’Elisa Pilarski, décédée d’une hémorragie consécutive à des morsures de chien. Une chasse à courre se déroulait le même jour dans la forêt où Elisa se promenait ; il n’en avait pas fallu plus à des esprits malveillants pour incriminer les veneurs. Le maître d’équipage mis en cause avait longtemps subi les pires attaques sur les réseaux sociaux, dans la presse avide de scandale et dans les propos de nos opposants les plus acharnés qui rêvaient tout simplement de nous voir endosser la responsabilité de cette atrocité. Il avait fallu ferrailler dur sur les plateaux de télévision, dans la presse locale, sur les réseaux sociaux, et aussi se défendre en justice pour réussir peu à peu à écarter les soupçons. Ce fut enfin chose faite par des rapports d’expertise concordants.

Et ainsi que le rapporte la même dépêche AFP du 24 mai « Les éléments de l’information judiciaire ont permis d’écarter l’hypothèse d’une attaque de la jeune femme par les chiens de la chasse à courre ». On le savait, mais, 5 ans après les faits, ça fait pourtant du bien de le voir officiellement confirmé.

Une autre nouvelle de l’AFP, datée elle du 14 mai, nous renvoie plusieurs centaines de milliers d’années en arrière. Elle nous informe que « L’endurance à la course, propre aux humains, a procuré à nos ancêtres du Paléolithique un moyen supplémentaire pour chasser le gibier, selon une étude utilisant un grand nombre de récits ethnographiques ignorés jusqu’ici. Les ancêtres de l’Homme pratiquaient largement la chasse à l’endurance. » Ils avaient, en effet, acquis une capacité de sudation hors norme, et donc de dissipation de la chaleur résultant de l’effort qui leur permettait de maintenir un long effort. Autre atout identifié depuis par les biologistes, la musculature du squelette de nos ancêtres privilégiait les fibres lentes, plus adaptées à l’endurance que celles dites rapides, gage de tonicité.

Des caractères propres aux membres inférieurs de l’humain évoquent l’apparition de qualités d’endurance chez l’ancêtre d’Homo sapiens, il y a 1,8 million d’années.

La nouvelle de l’AFP se terminait ainsi : « La question reste ouverte de savoir dans quelle mesure la chasse à l’endurance a induit une pression sélective sur les ancêtres de l’Homme. »

Autrement dit la chasse à l’endurance, dont la vènerie est la continuation dans l’ère chrétienne, ne serait-elle pas à l’origine de l’évolution de l’Humanité ? Ambitieuse hypothèse dont les veneurs aimeraient pouvoir se prévaloir…

Bon été, amis veneurs !