Paris, le 24 février 2025
Ce vendredi 21 février, la mort d’un cerf dans l’Orne, devant le domicile de la mère du cinéaste Luc Besson, a suscité la curiosité des médias généralistes, régionaux et nationaux. Leur connaissance approximative des différents modes de chasse les a conduits à attribuer, par erreur, cet épisode à la vènerie.
Or, il ne s’agissait pas d’une chasse à courre. Ces événements se sont déroulés lors d’une journée de battues coordonnées, organisée à la demande du Préfet de l’Orne. Pierre-François Prioux, président de la Société de Vènerie, a donc immédiatement pris contact avec Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération Nationale des Chasseurs, pour obtenir des précisions, nos structures fédérales étant seules habilitées à déterminer ce qui s’était exactement produit.
Willy Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, a pris la parole pour rétablir la vérité le samedi 22 février ; ses propos sont reproduits ci-après.
Cette regrettable polémique conduit la Société de Vènerie à rappeler l’importance de l’arrêté ministériel du 25 février 2019 visant à limiter les incidents en fin de chasse à proximité des lieux habités.
Déclaration du président Willy Schraen
22 février 2025
« Mes chers amis chasseurs,
Je devais m’exprimer en fin de journée sur plusieurs médias sur le sujet de cette vidéo du cerf du jardin de madame Besson, mais une polémique en chassant une autre, les différents plateaux prévus ont été annulés. C’est pourquoi je souhaite vous donner mon point de vue, car j’ai tellement lu et entendu de bêtises ici ou là, qu’il est temps de rétablir quelques vérités.
Vous devez en premier lieu savoir que cette journée de battues coordonnées s’est tenue hier à la demande du Préfet de l’Orne. En effet, les bois de Monsieur Besson n’étant pas chassés, les importants dommages agricoles et forestiers ont obligé Monsieur le Préfet à ordonner aux chasseurs de chasser hier sur tout le reste du massif. Ce droit de non-chasse est fondamental et doit être respecté, mais j’en profite pour rappeler à Monsieur Besson qu’il serait plus juste qu’il nous rembourse les dégâts occasionnés par « ses animaux », car les chasseurs de l’Orne ne sont pas des vaches à lait !
Un cerf a donc été levé par des traqueurs et des chiens pas très loin de la propriété de Madame Besson, et, au bout de quelques minutes de chasse, il est entré dans son jardin, incapable d’aller plus loin et d’échapper au ferme des chiens. Vous devez savoir que ce cerf était blessé, mais pas par une balle de chasseur. Il semblerait que ce cerf ait été victime d’une collision il y a quelques temps, et que ses multiples traumatismes ne lui permettaient pas de fuir plus loin. L’animal était faible, et avait perdu du poids. Les suiveurs non armés, ont donc décidé de mettre fin à ses souffrances à l’aide d’une dague.
Selon la loi, il est clair qu’abréger les souffrances d’un animal blessé sur autrui n’est pas un acte de chasse, et n’a rien à voir avec le droit de suite d’un gibier qui ne concerne que la chasse à courre.
J’ai lu et entendu que de nombreux animalistes engagés ont mis en avant la violation de la propriété privée dans cette affaire. Je suis surpris ! Ce sont les mêmes personnes qui nous rabâchent à longueur d’année que la nature est à tout le monde, en méprisant totalement ce fameux principe essentiel de propriété privée. Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais !!! Bref, selon eux, ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est à nous !
Mais en dehors de cette question de la propriété privée, des personnes s’offusquent depuis hier soir de la violence de cette vidéo, qui, d’après eux, met en scène « le massacre d’un cerf ». La France s’arrête, la République est menacée, bref tous les JT se déchaînent. Si la mort d’un cerf au couteau, ou la mort d’un animal tout court par un être humain devient quelque chose d’insoutenable dans cette société soi-disant « moderne », cela en dit long sur la dérive idéologique et antispéciste qui est en cours.
Nombreux sont les chasseurs aussi qui reprochent d’avoir servi ce cerf à ceux qui l’ont fait, car pour eux cela dessert notre image. Il est sûr que si une situation similaire devait se reproduire, reprenez vos chiens, et oubliez l’animal blessé, même si celui-ci représente un danger potentiel pour les humains non avertis. Mais sur le fond, je tiens à vous dire que c’est une erreur fondamentale de cacher l’acte de chasse.
Tuer un animal n’est pas un acte anodin certes, mais la chasse est légale. C’est prendre une vie, mais s’en cacher, c’est laisser penser que ce qu’on fait est mal. Nous devons assumer publiquement ce que nous faisons et ce que nous sommes. Moi je n’ai jamais changé de cap, et je vis tous les jours sous les menaces de mort et la violence des insultes, mais je n’aurai jamais honte d’être un chasseur.
Alors oui, sur le fond, j’apporte mon soutien à ces deux chasseurs, qui vont dorénavant devoir vivre avec la stigmatisation des médias jusqu’à ce qu’un autre sujet prenne la place. J’espère qu’ils auront le soutien de notre grande communauté, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont le mien ! »
Crédit photo : COADIC GUIREC / BESTIMAGE