Loir-et-Cher : Xavier Patier et le spleen du vieux veneur

La Nouvelle République – lundi 8 juillet 2024

Le roman d’un monde rural au bord de l’abîme. © (Les éditions du Cerf)

Dans « Un jour de chien », à paraître le 22 août, l’ancien directeur des services du Département de Loir-et-Cher décrit un monde rural en train de perdre ses repères traditionnels, au cœur du Limousin.

Xavier Patier excelle décidément dans la description de mondes en perdition. Le précédent essai de celui qui fut conseiller de Jacques Chirac – La confiance se fabrique-t-elle ? – paru chez Artège – traitait de « la mort des élites républicaines » – et il résonne furieusement avec le contexte politique du moment.

Cette fois-ci, celui qui fut directeur général du Domaine de Chambord et patron des services du conseil départemental de Loir-et-Cher livre un ouvrage plus personnel, un roman (disponible le 22 août) qui conjugue sa fine connaissance du milieu de la vénerie et celle de la société rurale limousine – son berceau d’origine – en train de perdre ses derniers repères traditionnels.

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Le décor : un plateau boisé, dans le secteur de Masseret, aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze, où se côtoient néoruraux et gentilshommes désargentés. L’intrigue : l’impossible mésalliance entre Didier, le fils du métayer et Solange, la fille du châtelain, emportés au soir de leur vie par un naufrage financier et sentimental.

La mélancolie côtoie le comique

Xavier Patier tricote avec justesse et une triste ironie, le récit nostalgique de la dernière chasse, du dernier repas et finalement du dernier souffle d’une époque en train de disparaître, pendant un « jour de chien », au cœur de l’hiver. Tandis que Daguet, Antivax, Fachosphère et Cochise – les surnoms pittoresques des quatre personnages principaux – galopent dans la campagne derrière un cerf qui finira par leur échapper, tels Don Quichotte à l’assaut des moulins à vent de la Mancha, l’auteur fait défiler différents tableaux, qui tiennent à la fois de l’Angélus de Millet et des caricatures de Caran d’Ache.

La mélancolie côtoie le comique, comme dans ce bistrot de campagne défraîchi où l’on trouve « sur les étagères, des bouteilles de spiritueux de taille inégales, alignées approximativement comme une équipe de rugby de fédérale 3 avant le coup d’envoi ».

Quarante-cinq ans après celle de Denis Tillinac, la version de Xavier Patier du spleen corrézien se lit d’un trait. Sans prendre le change.

« Un jour de chien » de Xavier Patier, Éditions du cerf, 195 pages, 20 €, sortie le 22 août.

par  Christophe Gendry
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