23 janvier 2024 – Andrée Corvol Dessert est historienne, spécialisée dans l’histoire des forêts au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et membre du conseil scientifique de l’ONF (Office national des forêts).
Elle revient sur l’histoire de la vénerie. Pourquoi la chasse à courre est considérée comme française ? À ses débuts, elle est appelée « chasse à la française » dans les autres pays. Dans l’Hexagone, les bois de feuillus et les plaines permettent à la pratique de se développer dans les meilleures conditions.
Quelle influence la vénerie a-t-elle eue sur nos forêts ? C’est la chasse à courre qui a formé les forêts telles que nous les connaissons. Les ronds et les allées ont été façonnés pour favoriser cette pratique.
La chasse à courre est-elle vraiment réservée à l’aristocratie ? Historiquement, la vénerie est à la fois un spectacle et un entraînement à la guerre. Elle concerne les propriétaires de grands domaines. Mais c’est une imbécillité de penser que seuls les nobles chassaient. Seulement, avant la Révolution, les armes à feu coûtaient très cher. Les petites gens utilisaient le piégeage ou l’arc pour « les bêtes noires » comme le loup. Aujourd’hui, la vénerie s’est démocratisée et se pratique beaucoup en association.
En quoi la vénerie peut-elle être considérée comme noble et éthique ? La chasse à courre est très peu prédatrice. Quatre fois sur cinq, c’est un échec. Il y a aussi une sorte d’esprit collectif. Les cavaliers sont appuyés des suiveurs. Enfin, dans la vénerie, le chasseur doit servir l’animal. Il descend de cheval et s’approche de la bête acculée. Il y a une prise de risque, on se bat à armes égales avec l’animal. À l’époque, les accidents mortels sont fréquents. Les nobles meurent embrochés par un cerf ou chargés par un sanglier.