Autrefois réservée aux nobles et aujourd’hui ouverte à tous, la chasse à courre est un joyau du patrimoine cynégétique français. A ce titre, elle n’a cessé de faire l’objet de représentations artistiques, la plupart du temps laudatrices. Le propos se limitera dans cet article à l’art pictural, mais il faut noter que tous les arts se targuent de mettre la vénerie en vedette. Découvrez quelques œuvres d’art dépeignant la vénerie à travers les âges.
La chasse à courre dans l’Antiquité : le mythe d’Actéon
Le Titien est un peintre italien, précisément vénitien. Cette peinture caractérise la dernière période de sa vie. Elle illustre un thème classique de la Renaissance : la traduction picturale de la mythologie gréco-romaine. Le mythe représenté est celui d’ Artémis Diane , chez les Romains) et Actéon . Il s’inspire des Métamorphoses d’Ovide ( livre III)
A en croire l’auteur latin, Actéon, accompagné de ses chiens, aurait surpris au bain Diane, déesse de la nature sauvage et de la chasse. Commettant un sacrilège par son insolente présence, Actéon est transformé en cerf. Diane lâche alors sur l’audacieux sa propre meute, courant à ses trousses. Ne reconnaissant plus leur maître, ceux-ci l’attaquent et le terrassent.
La violence du mythe transparaît dans tout le tableau par l’usage de couleurs sombres. On constate que la figure féminine, Diane, voit sa beauté et sa sensualité – figurées par son sein découvert – ombragées, aux sens propre et figuré. Des nuages menaçants flottent au-dessus d’elle. Objet du désir d’Actéon, elle est dans le même temps implacable et source de destruction.
Ce contraste, voire cette contradiction, dans la représentation de la déesse, est métaphorique du caractère changeant de la nature, du cycle de la vie . Elle donne naissance à toutes choses et suscite les passions. Pourtant, elle sème la mort et le carnage. Actéon, de même que tout être vivant, ne peut échapper à ce jugement cosmique.
Le jeune homme est débordé, puis déchiré par ses propres chiens. Le naturel revient au galop, et avec fracas. Ainsi ce tableau nous donne-t-il une leçon intemporelle, issue du fond des âges. La nature se rappelle toujours à l’homme. Elle ne se laisse jamais complètement domestiquer. Les veneurs le comprennent aisément. Ce respect de la nature et de ses droits est au cœur de leur pratique.
La gloire du père des veneurs : les tentures de chasse de François I er
S’il est un chasseur prenant plaisir à la compagnie des bêtes, il s’agit bien de François I er . Comme on l’a montré par ailleurs, il est véritablement le “ père des veneurs ”, celui qui a porté aux nues la chasse à courre. Durant son règne, il l’a élevée au rang d’art royal.