3 septembre 2023 – Ces pratiques de chasse qui recrutent

 Effets de mode, mais aussi et surtout attachement à la pratique d’une quête authentique où les auxiliaires, chiens ou appelants, peuvent jouer le premier rôle expliquent l’engouement que suscitent certaines chasses, notamment chez les jeunes.

   Nous savons tous l’intérêt qu’éveillent la chasse du sanglier en battue ou celle de la bécasse au chien d’arrêt. Mais aujourd’hui, grâce aux campagnes de communication organisées par de nombreuses associations spécialisées, la Société de vénerie, la Fédération française des chasseurs à l’arc sans oublier notre Fédération nationale des chasseurs, d’autres pratiques trouvent un nouvel écho, en particulier auprès des jeunes générations.

Chasses individuelles au grand gibier et traque affût :

   « Même si la battue reste le mode de chasse au grand gibier privilégié, les jeunes semblent souvent davantage séduits par les pratiques individuelles d’approche ou d’affût », constate Pauline Zacharie, dirigeante de l’armurerie James à Autun. Pauline ajoute que de nombreux touristes chasseurs en villégiature dans le Morvan recherchent des bracelets de chevreuils, pour combiner plaisirs de la chasse et vacances en famille. Si cette chasse est désormais si prisée, « c’est aussi parce qu’elle est bien moins accidentogène que la battue, qu’elle est plus raisonnée et sélective . »

   « Plus facile à justifier donc, elle prône des valeurs auxquelles sont sensibles les jeunes chasseurs », Laurent Constantin, guide de chasse auvergnat, à la tête de Mountain Hunting Organisation.

   Ces valeurs qui motivent un jeune public toujours plus nombreux étaient mises en avant lors des journées Leica Hunting Experience, coorganisées par notre confrère Philippe Jaeger, dans le massif des Vosges, et qui ont réuni 600 jeunes chasseurs européens. « Tous, raconte Philippe, se sont dit ravis de cette expérience qui a répondu à leurs attentes en matière d’encadrement, de discipline, d’authenticité et de respect du gibier . » Les chasses étaient conduites en traque-affût, stratégie devenue elle aussi très prisée dont le principe consiste à poster les tireurs au cœur de la forêt rabattue, sur des miradors positionnés près des coulées fréquentées. Ils peuvent ainsi tirer à 360°, mais pas au-delà de 40 m, sur des animaux qui se présentent à petite vitesse dans l’ordre hiérarchique habituel.

   Tirer un brocard à l’approche est toujours une grande émotion, comme en témoigne le sourire d’Alex, ambassadeur de ce mode de chasse via son compte Instagram@chasseur_de_migrateurs.

La chasse authentique du gibier d’eau

   Rédacteur en chef du site entre chasseurs.com, Gilles de Valicourt est formel : « Aucun mode de chasse ne recrute autant de jeunes que celui du gibier d’eau à la hutte. D’abord parce qu’il s’agit d’une pratique conviviale, mais surtout parce que c’est une chasse hyper-technique, très exigeante, qui requiert beaucoup de persévérance et s’adresse à de vrais gibiers sauvages . » L’accessibilité financière en serait une première raison, en tout cas en bord de mer. À titre d’exemple, une carte pour chasser en baie de Seine, sur plusieurs milliers d’hectares, revient à moins de 100 € pour souvent des dizaines de sorties. Autre facteur de séduction : le rapport à l’oiseau (l’appelant), qui est très important. Là encore, nous retrouvons ces valeurs basées sur l’engagement et la recherche de difficulté, car sélectionner un bon attelage nécessite un patient travail et beaucoup de ténacité. Il y a aussi une notion de défi, qui consiste à faire poser le plus d’oiseaux, le plus souvent possible. Ainsi, les mares de huttes les plus fréquentées sont forcément celles dont les propriétaires ont choisi les meilleurs attelages.

Le succès de l’arc :

   Depuis 1995, ils sont des dizaines de milliers à avoir suivi une journée de formation obligatoire. Environ 25 000 nemrods chassent régulièrement à l’arc, dont 2 950 regroupés en 95 associations adhèrent à la Fédération française des chasseurs à l’arc (FFCA). Ce qu’ils recherchent à travers ce véritable défi qu’ils se lancent ? Un autre rapport avec eux-mêmes en développant de nouvelles compétences, nous dit Éric de La-venne, président de la FFCA. Pour les archers, le plaisir de la chasse se trouve plus dans la qualité de la quête que dans l’acte de prédation lui-même. C’est cette dimension ludique, pour ne pas dire romantique, qui attire les jeunes, mais également la difficulté du déduit. Goût de l’effort, humilité, dépassement de soi, fort ratio effort/prélèvement, découverte d’autres sources d’émotions, challenge personnel… Ici aussi, nous notons une volonté de retour aux valeurs originelles de la chasse, avec une perspective d’immersion dans la nature exacerbée chez les archers. Il s’agit d’une pratique silencieuse, qui s’inscrit pleinement dans les principes modernes de gestion de la faune sauvage. L’archer recherche un nouveau rapport, plus intime, avec le gibier dans son environnement. Il puise ses valeurs dans le sauvage. Nous notons une volonté de retour aux valeurs originelles de la chasse.

   La Vénerie : Vieille de quelque 600 ans, la vénerie n’a jamais autant brillé ni compté d’équipages : un peu moins de 400 aujourd’hui, soit environ le double par rapport au début du XXIe siècle. Autre témoignage de sa vitalité : cette formidable émulation qu’elle suscite auprès des jeunes, qui représentent plus de 90 % des effectifs dans les équipages de petite vénerie !

La vénerie séduit un public féminin :

   La vénerie séduit aussi un large public féminin qui y vient par l’équitation et qui constitue, selon Antoine Gallon, responsable de la communication à la Société de vénerie, 28 % du total des veneurs ! Un chiffre remarquable comparé aux 2 % de femmes qui chassent à tir. Antoine Gallon insiste également sur l’explosion du nombre d’équipages de lièvres, estimé actuellement à plus de 100. « Notre vénerie doit beaucoup à cette chasse qui ne nécessite pas de monter à cheval, s’accommode de budgets modestes et de petits territoires », explique-t-il.

   Les jeunes apprécient aussi une pratique cynégétique très ritualisée dans son rapport à la mort, difficile, où les chiens jouent le premier rôle et où le gibier conserve toutes ses chances. Ils savent que cette chasse authentique qui respecte l’animal, prône la courtoisie et l’élégance et cultive l’amitié et la convivialité offre une crédibilité utile dans notre société moderne où la notion de mort est occultée.

   En se faisant les gardiens de pratiques intemporelles, les veneurs, comme les archers ou les sauvaginiers sont des passeurs d’histoire, qui œuvrent pour que perdure cette belle fête sauvage de la vie et de la mort qu’est la chasse dans sa grande diversité.

   Le piégeage a le vent en poupe : L’Unapaf (Union nationale des associations de piégeurs agréés de France) compte plus de 22 000 adhérents regroupés dans 74 associations, et ses effectifs augmentent chaque année de 5 %. Cette pratique recrute de nombreux jeunes. Ce sont des passionnés, dont la motivation première est la recherche d’une autre approche de la nature, qui comporte une notion de challenge. L’Unapaf a développé un système d’assistance pour ces néophytes, pris en charge par leurs aînés plus aguerris.

   Les voyages plébiscités par les chasseurs : Dirigeant de l’agence ChassenDirect, André Cassanet cite en premier le Sénégal, destination dépaysante où l’on parle français, qui offre un rapport qualité/prix imbattable. Ensuite vient l’Espagne et ses grives, sangliers et perdrix rouges, très prisée pour de courts séjours. Puis l’Argentine, eldorado des sauvaginiers mais qui requiert un budget élevé. Il y a également le Maroc, destination de proximité où l’on parle aussi français, appréciée pour les cailles, tourterelles, perdrix gambras, bécassines et sangliers, mais qui reste assez onéreuse. Après quoi viennent les sangliers de Tunisie, les cailles roumaines et les bécasses bulgares… « Le plaisir de la chasse se trouve plus dans la qualité de la quête. »

   Les chasses des prédateurs : On observe toujours le même engouement chez les jeunes pour ces chasses très techniques de régulation des prédateurs, à savoir celle du renard à la carabine avec des assortiments d’appeaux et de leurres vibrants hautement sophistiqués, ou encore celle des corvidés au fusil avec des manèges à corbeaux et autres formes. Les fabricants ne s’y trompent pas, qui proposent de nombreux packs adaptés. Cette émulation est aussi nourrie par la facilité d’accès aux territoires pour y pratiquer ces régulations.

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