En plaçant sa proposition de loi sur l’interdiction de la chasse le dimanche en cinquième et dernière position des textes présentés dans sa niche parlementaire de ce 6 avril, Europe Ecologie Les Verts avait fait le choix clair et délibéré de ne pas la voir débattue dans l’Hémicycle.
Il faut reconnaître que les signes n’étaient pas positifs pour faire approuver une telle proposition, tant l’interdiction de chasser le dimanche voyait se dresser contre elle une majorité de parlementaires, conscients de l’effet dévastateur qu’une telle mesure aurait, en premier lieu, sur la chasse populaire. Les députés de tout bord avaient exprimé un avis majoritairement négatif dans le cadre de la commission du développement durable, chargée d’étudier la PPL du député Charles Fournier. Le gouvernement lui-même avait rejeté cette disposition envisagée par la mission sénatoriale qui s’était penchée sur le renforcement de la sécurité à la chasse.
Cette nouvelle tentative prohibitionniste, attentatoire au droit des chasseurs, aura eu le mérite de voir se mobiliser, avec une belle unité, l’ensemble du monde de la chasse. Le monde fédéral, en premier lieu, aura su faire valoir, dans chaque département auprès des parlementaires, les effets induits de la proposition de loi portée par le député Fournier. Les veneurs ont également pris une part active à cette dénonciation, bien conscients de ce que l’interdiction de la chasse le dimanche priverait une grande partie d’entre eux des bonheurs du laisser-courre.
La PPL Fournier était pétrie d’incompréhension du monde rural. En voulant « garantir l’accès sûr et tranquille à la nature pour tous les Français », le député Fournier idéalisait une nature dont la jouissance libre et générale serait prétendument confisquée par les chasseurs. Cette nature-là n’existe pas. La « nature » a des propriétaires, dont l’Etat et les collectivités qui possèdent 20% des forêts françaises, et ces propriétaires entendent exercer librement leur droit sur leurs biens. Ils entendent notamment y réguler la faune sauvage qui la peuple dans le souci de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique qui permet seul d’envisager que cette faune cohabite avec les activités humaines (agriculture, sylviculture, habitat, circulation routière et ferroviaire).
Cet état de fait n’exclut en rien des mesures renforcées pour assurer à la chasse la sécurité des chasseurs comme des promeneurs, un sujet sur lequel le monde fédéral travaille avec succès, puisque le nombre des accidents de chasse ne cesse de diminuer depuis des années. Si chacun d’eux est un drame réel, l’instrumentalisation hystérique qui en est faite par nos opposants nourrit une psychose sans commune mesure avec les risques encourus par « le promeneur du dimanche. »
Une nouvelle atteinte contre la chasse a été écartée ce jeudi. Ne nous réjouissons pas trop vite ! D’autres seront portées dans les temps à venir. Pour y faire face unis, les chasseurs et les veneurs devront sans relâche expliquer ce qu’est la chasse à leurs contemporains, et en quoi sa pratique est légitime et les chasseurs respectables, quel que soit le mode de chasse qu’ils pratiquent, pour autant qu’un sens profond de l’éthique les habite. Pédagogie et éthique : c’est la double exigence à laquelle il nous faut satisfaire pour les temps à venir.