Au Haras des Bréviaires, 400 personnes ont assisté à la messe de la Saint-Hubert. Elle marque la saison de la chasse à courre de l’équipage de Bonnelles-Rambouillet. À partir de cette date, les veneurs revêtent leur redingote rouge selon la tradition héritée de la duchesse d’Uzès, depuis 150 ans en forêt de Rambouillet.
La maître d’équipage répond aux opposants
À cette occasion, la messe a été célébrée, rythmée par le son des trompes de chasse. Le prêtre a ensuite béni les chevaux et les chiens de la meute. La maître d’équipage, Véronique Nadjahi, a tenu un discours résumant le climat autour de la chasse à courre :
« Avant, on aimait ou on n’aimait pas la chasse. Cela tenait d’un choix personnel qui pouvait être discuté. Or depuis quelque temps, toutes les activités qui mettent en jeu l’homme et l’animal sont attaquées et le plus souvent condamnées sans débat au titre d’un nouvel ordre moral qui voudrait les rendre indignes. Je ne vais pas m’étendre sur l’antispécisme ou encore l’animalisme. Mais pourquoi nos passions nous rendent-elles soudainement insupportables aux yeux de nos opposants ? N’ont-ils plus que l’agressivité comme moyen de surnager dans cette société où règnent de plus en plus l’intolérance et la violence ! Nos chiens sont des athlètes qui courent l’équiva-lent d’un marathon deux fois par semaine. Ils sont exceptionnels. Nous tenons à nos chiens et nos chevaux, nous vivons avec eux. Nos piqueux, la Brisée et la Futaie, leur apportent toute l’attention, tout l’amour et tous les soins nécessaires », a-t-elle répondu aux détracteurs de la chasse.
« Une famille unie »
Elle a souligné l’esprit de famille qui régnait : « L’équipage est une famille unie, composée d’une grande diversité d’individus. Nous partageons une fois par semaine un immense moment de bonheur pur et de convivialité autour de l’amour du chien, de la forêt et de ses hôtes, un peu comme nous sommes à la messe avec la forêt comme cathédrale. À la chasse, nous sommes tous heureux d’être ensemble, loin des tracas de la vie quotidienne. Un équipage, c’est une famille qui partage une mémoire, des lieux, un langage, des valeurs communes. »
Elle a insisté sur ce qui les rassemble : « Notre magnifique forêt percée pour la chasse avec ses carrefours et ses châteaux. Un langage commun, avec des mots spécifiques : forlonger, hallali, hourvari, rembucher ou des mots et des expressions entrés dans la langue française : brisée, change, découpler, mettre en défaut, prendre les devants, faux-fuyant. Nos anciens ont coutume d’être honorés par des fanfares des différents maîtres d’équipage et des fanfares de circonstances : la vue, la sortie de l’eau, la Saint-Hubert composée en 1725. Une famille, c’est des valeurs communes, la politesse, la courtoisie, le respect des uns envers des autres mais aussi de la forêt et de tous ceux avec laquelle nous la partageons : propriétaires, promeneurs, cyclistes ; le respect de l’animal chassé et l’éthique, valeur fondatrice de la vénerie au cœur de notre identité. C’est un creuset et une courroie de transmission. La famille de Bonnelles a peut-être des détracteurs mais aussi et surtout des amis innombrables : les bénévoles, les suiveurs, les 389 autres équipages. Pérennisons cet art cynégétique, transmettons ensemble cet héritage du passé ».
Passion séculaire
Devant les chiens et les piqueux, elle a mis en exergue le fait que : « La vénerie c’est surtout nos chiens. Ce sont eux qui chassent. Nous aimons la chasse pour nos chiens avant d’aimer nos chiens pour la chasse. Soyons conscients de la chance que nous avons, à 1h de Paris, de pouvoir faire vivre notre passion séculaire malgré les bouleversements que la France vit dans ces changements sociétaux. Puisons dans l’esprit de groupe de nos chiens, l’énergie nécessaire et la force d’âme pour regarder l’avenir avec détermination et optimisme sans jamais oublier d’où nous venons et qui nous sommes ». La chasse a ensuite été lancée depuis Les Bréviaires sécurisée par d’importantes forces de gendarmerie.
