La chasse à courre se pratique à tout âge. Des jeunes comme Jeanne Poisson sont à cheval. Elle monte tous les samedis depuis ses 8 ans.
Un cerf à dix cors observe Jeanne, 13 ans, dans une allée de la forêt d’Orléans près de Lorris. La jeune fille et le roi des forêts se fixent. Le temps est comme suspendu. « J’attends qu’il parte pour sonner », explique-t-elle. D’un coup de pied, la cavalière le suit. Pas de tir, pas de bruit juste son cri « tayaut ». « C’est pour prévenir quand on voit le cerf ».
Jeanne poursuit l’animal qui s’enfuit. La meute de chiens traverse l’allée et s’enfonce dans les sous-bois. Jeanne a disparu. La voilà qui réapparaît fière sur sa monture. Elle a le sourire.
Elle a commencé à chasser toute petite « en voiture. Et à 8 ans à cheval. Je chasse tous les samedis. L’an dernier j’en ai raté que deux ». Sa passion est surtout de prendre soin des chiens de la meute.
L’adolescente fait partie de l’équipage du rallye de la Brie. Elle est la petite-fille des maîtres d’équipage Frédéric et Catherine Poisson. Elle habite Bouzy-la-Forêt avec sa famille. Son père Henry Poisson, gérant du magasin Intercampagne à Bonnée, est un bouton.
Sa fille connaît déjà tous les rituels et codes qui composent la chasse à courre. Elle n’est qu’observatrice. Ce sont les chiens qui mènent la danse. Les humains suivent. Beaucoup sont des enfants. Philippe, son frère de 9 ans est avec ses amis à vélo… Il doit s’arrêter. Son copain Maxence vient de crever un pneu. Ils seront pris en main par la cinquantaine de bénévoles présents ce jour-là.
Une course folle sur des kilomètres
Les kilomètres défilent. De l’écume apparaît sur les flancs des chevaux. La course est folle. Peu de pauses. Le cerf ne s’affole pas. Il est rusé. Les trompes sonnent. Il faut savoir déchiffrer cette musique. Elle est le moyen de communication des participants telles les fumées des Sioux.
Au carrefour de Chatenoy, la maman de Jeanne, une cavalière aguerrie lance : « la vénerie c’est la chasse la plus naturelle du monde. On lui laisse toutes ses chances. Je ne comprends pas pourquoi, elle est si décriée ».
« En moyenne, une fois sur quatre le cerf est pris. Il tombe d’épuisement », explique Catherine Poisson. Il est rattrapé par la meute. « Et pour lui éviter toute souffrance, on le sert avec une dague ou on le tire avec une carabine appropriée. Cela se fait très vite ». Jeanne n’est pas présente à ce stade ultime. Ce rôle revient « à un bouton délégué qui a lui seul le droit de le prélever ».