10 SEPTEMBRE 2023 – Après « six ans de lutte », où sont passés les anti-chasse à courre de l’Oise ?

C’est un peu leur rentrée des classes. À la mi-septembre, les opposants à la chasse à courre sonnent le rappel des troupes alors que leurs meilleurs ennemis retrouvent le chemin des forêts de l’Oise. Mais cette année, les anti-chasse semblent quelque peu rechigner à reprendre leur combat.

À quelques jours de la reprise, les réseaux sociaux du collectif AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui) demeurent bien silencieux : la dernière publication de la page Facebook AVA France remonte au 26 juin. Pas dans les habitudes des anti-chasse à courre qui, en sept années de mobilisation contre la pratique de la vénerie, ont fait des réseaux sociaux un puissant relais de leur lutte.

Il y a un an, à la même époque, le collectif affichait la couleur de la saison à venir : « La chasse à courre est de retour… mais AVA aussi. » Ils invitaient par ailleurs le public à une rencontre avec les militants pour parler des « six ans de lutte contre la chasse à courre ». Sur le terrain aussi, calme plat, quand, les autres années, les militants se donnaient rendez-vous dès la fin du mois d’août pour les premières sorties d’entraînement des meutes (sans chasse).

« Dans les campagnes, les gens ne se révoltent pas »

Les opposants à la chasse à courre seront-ils au rendez-vous, samedi prochain, pour la première sortie de l’équipage de la Futaie des amis en forêt de Compiègne ? « On sera prêt, comme chaque année. On va reprendre notre rythme de croisière, jure Stanislas Broniszewski, figure du collectif. Il y a encore eu 32 incidents de chasse la saison dernière et ça sera pareil cette année. On sera en forêt en attendant de savoir où la foudre va tomber. »

Le leader des anti-chasse réfute tout essoufflement du mouvement, mais une nouvelle structuration. « AVA, ça n’est pas que le suivi des chasses, insiste-t-il. Toutes nos nouvelles recrues iront plutôt sur des opérations de tractage dans les villages ou dans des réunions publiques. On est plus structuré aujourd’hui qu’à l’époque même s’il n’y a plus l’engouement exceptionnel qu’il y avait lors de notre première saison. On veut tenir sur la longueur et ne pas être un feu de paille. On est déjà heureux d’avoir survécu aux violences et aux manœuvres de l’État qui cherche à nous couler. »

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Le porte-parole des anti-chasse dans l’Oise ne cache toutefois pas un certain fatalisme sur la difficulté à mobiliser davantage la population autour de sa cause. C’est notamment le cas sur sa chaîne Twitch, service de streaming vidéo en direct, où il anime une émission baptisée « Désertion ». Dans un débat intitulé « La chasse revient pour six mois de tuerie, comment s’organiser ? » Stanislas Broniszewski s’interroge : « Comment on explique ce décalage entre (…) les sondages où tout le monde est d’accord avec nous, tout le monde comprend la problématique (…) et pourquoi ça ne se transforme pas civiquement sur le terrain ? Dans les campagnes, les gens ne se révoltent pas, ils se laissent couler dans le fatalisme, ils se laissent faire. »

« Même le bruit sur les réseaux sociaux s’est un peu dispersé »

Du côté des chasseurs, la communication de rentrée, elle, n’a pas été oubliée. « Sortez les bottes et les trompes, la chasse reprend », claironne sur sa page Facebook la Société de vénerie. Après sept saisons de chasse perturbées, les veneurs tablent sur une rentrée plus « sereine », avec une démobilisation croissante de leurs opposants.

« Le temps joue pour nous, veut-on croire du côté de la Société de vénerie. L’an dernier, déjà, on a été moins embêtés. Cela s’essouffle, on s’attend à ce qu’ils soient de moins en moins présents. La mobilisation n’a plus rien à voir avec ce que l’on a pu connaître au départ. L’acharnement est moins fort. Même le bruit sur les réseaux sociaux s’est un peu dispersé. »

Pour les chasseurs, cette démobilisation des anti-chasse tiendrait d’abord à un changement de stratégie de leur leader, Stanislas Broniszewski, dont le combat ne se limiterait plus aux seules sphères de la vénerie. Le porte-voix du collectif a ainsi été aperçu au mois d’août aux Journées d’été des écologistes au Havre (Seine-Maritime) où il était invité à un débat consacré au « lobby de la chasse ». Le Compiégnois avait également projeté de présenter sa candidature aux dernières élections législatives dans l’Oise, avant de renoncer.

Le combat du leader des opposants « s’est élargi à la cause animale en général »

« Il a changé de mission, estime un chasseur. Son combat s’est élargi à la cause animale en général. Aujourd’hui, il revient de loin. AVA, c’est un mouvement qu’il a monté de toutes pièces et qui a réussi à fédérer, alors on peut comprendre son abattement aujourd’hui. Il sent que la chasse est bien ancrée dans le territoire et que ça ne bougera pas demain. Je comprends qu’il soit aigri… »

« Je ne m’interdis pas de porter mon discours plus loin, concède l’intéressé. J’ai cette opportunité de parler d’autres choses que la chasse à courre. Ce mouvement peut marcher sans moi. Ce qui serait usant, ce serait de n’être présent que sur le terrain… »

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