CYNÉGÉTIQUE Il y a trente ans, les sociologues Michel et Monique Pinçon-Charlot étudièrent le monde de la chasse à courre ; les conclusions et le livre qu’ils en tirèrent avaient mis en évidence la diversité sociologique des adeptes de ce mode de chasse. Et pourtant, aujourd’hui encore, l’image d’Épinal qui caricature les veneurs perdure dans l’esprit de bien des gens. L’enquête que nous avons commandée à l’institut de sondages CSA, connu et reconnu, atteste de qui sont réellement les veneurs du XXIe siècle et quelle est leur pratique de la chasse à courre.
À commencer par le profil type du veneur. Il s’agit d’un homme, mais aussi très souvent d’une femme, vivant à la campagne, de 55 ans en moyenne, chassant par amour du travail des chiens, avec ses amis, et dépensant moins de 1 000 euros par an pour cette activité. Contrairement à la chasse en général, où les femmes sont peu présentes (3 %), elles représentent dans la chasse à courre près d’un tiers des pratiquants. Il faut y voir trois raisons principales : la pratique de l’équitation d’extérieur, qui séduit autant les cavaliers que les cavalières ; l’absence d’armes, puisque la vénerie n’utilise que la meute de chiens pour chasser ; enfin, la vénerie se pratique en famille : père, mère, fils et filles partagent souvent ensemble ces journées.
Bien loin de cette joyeuse réalité de terrain, la chasse est aujourd’hui attaquée, essentiellement par ceux qui ne la connaissent pas. Et pourtant, dans un pays comme la France, rappelons que la présence d’animaux sauvages ne tient qu’à la possibilité d’en réguler les populations et à l’intérêt des chasseurs pour y contribuer. L’opposition à la chasse à courre, quant à elle, est animée par une infime minorité d’activistes. Ce qui caractérise nos contemporains, c’est surtout leur ignorance de notre univers, propice à toutes les affabulations. Il faut aussi noter que 53 % des veneurs habitent des communes de moins de 5 000 habitants et que la vénerie est, de ce fait, bien mieux comprise en milieu rural que dans les grandes métropoles dont les populations, souvent éloignées de la vraie nature, sont influencées par une vision fantasmée de la vie sauvage.
En réalité, la vénerie a surtout besoin d’être expliquée. Les veneurs l’ont bien compris et s’y emploient, notamment en offrant un accueil systématiquement bienveillant à tous ceux qui souhaitent s’intéresser à nous. Pour vous en assurer, il suffit de vous présenter à l’un des 15 000 rendez-vous organisés chaque saison par les équipages à travers 70 départements. Vous constaterez que le nombre des participants excède très largement celui des veneurs ; supporters réguliers, riverains des territoires de chasse ou simples curieux de passage, ils considèrent avec intérêt la chasse à courre, qui anime convivialement la vie locale.
La vénerie est la forme de chasse la plus naturelle ; elle est régie par une éthique rigoureuse. Naturelle et éthique, la chasse à courre a de beaux jours devant elle si elle est convenablement expliquée à nos contemporains, dans le respect mutuel de nos modes de vie et de nos passions. Nous renouvelons notre invitation à tous ceux qui souhaitent découvrir notre mode de chasse ; il s’inscrit parfaitement dans le respect de la biodiversité et du bien-être animal.